Le débat sur la neutralité du réseau, point d'étape.

Certains pensent, et ils se trompent, que les positions que nous défendons sur la neutralité du réseau sont en train de perdre. D'autres pensent, et ils se trompent également, que la victoire est assurée, tant ces positions relèvent du bon sens et du sens de l'Histoire. Le bilan, tel que nous le voyons, est plus mitigé. Nous sommes stratégiquement en bonne position, et cependant en train de perdre la bataille. Comment avons-nous fait ?

La position stratégique

Pour comprendre, il faut revenir un peu en arrière. Le débat, tel qu'il a été lancé en Europe, portait sur la régulation des Télécoms, et sur le fait de savoir ce qui devait être intégré ou écarté du Paquet Télécom. Les acteurs américains de ce débat ont importé leurs bisbilles en Europe, devant le parlement, comme on fait toujours. À savoir, lobbyistes contre lobbyistes, chacun venant avec ses arguments et ses propositions de modification du texte de loi.

Les deux positions étaient alors assez lisibles. Les fournisseurs de contenus voulaient que la loi impose qu'ils puissent accéder au réseau dans des conditions équitables. Les fournisseurs de réseau voulaient que la loi leur laisse la capacité de gérer et de financer leur réseau comme bon leur semble. Le débat portait donc sur la liberté à laisser aux opérateurs dans leur phase de négociation avec les fournisseurs de contenus, et donc de savoir s'il devait y avoir régulation ex-ante (l'autorité fixant les règles de raccordement au réseau) ou ex-post (l'autorité sanctionnant les abus trop visibles).

C'est dans ce joyeux mic-mac que le monde associatif européen a débarqué dans le débat, en faisant remarquer à nos élus qu'il manquait un acteur dans l'histoire. Non pas les consommateurs, déjà plus ou moins pris en compte, mais les citoyens. En effet, prendre en compte les consommateurs, c'était vérifier que le prix de l'abonnement à Internet soit raisonnable, vérifier que dans toute l'Union on pouvait acheter les contenus produits dans tout le reste de l'Union, etc. Prendre en compte les citoyens, c'était faire remarquer que les petites gueguerres commerciales, ça va bien cinq minutes, mais il n'est pas question que ça touche à des libertés fondamentales. Et que les délires des géants du secteur devaient s'arrêter avant d'avoir touché à la liberté d'expression.

Quel est le débat de nos jours? Il a beaucoup évolué. De nos jours, le débat sur la neutralité du net, partout en Europe, ne peut plus faire l'impasse sur le volet des libertés fondamentales. Comment s'en convaincre ? C'est simple, il suffit de lire les rapports produits sur le sujet par le gouvernement, il suffit de lire les travaux parlementaires sur le sujet. Jusque dans les explications du rejet par l'UMP de la proposition de loi PS sur le sujet, les députés UMP affirment que l'enjeu sur les libertés est majeur.

Même les gens du camp d'en face le disent. Par exemple Winston Maxwell lors du colloque international organisé par l'ARCEP en avril 2010, alors qu'on lui demande d'exposer quelles sont selon lui les différences entre le débat sur le sujet aux USA et celui en Europe, répond[1]:

La dernière différence est celle qui est la plus grande à mes yeux.

C'est l'énorme poids en Europe et en France de la question des libertés publiques, les libertés fondamentales. La liberté pour le citoyen d'avoir un accès Internet et d'avoir accès sans entrave aux contenus de son choix.

C'est un débat, lié à la loi Hadopi en France, qui a presque pris en otage le Paquet Télécom pendant une année. Il soulève des problèmes très importants, au tout premier plan dans le débat français et européen, alors qu'aux États-Unis ce débat est plutôt de deuxième rang.

En fait, dans la pratique, le débat est sorti du terrain des acteurs économiques, pour venir sur le terrain du monde associatif. À tel point qu'il est devenu impossible en Europe de dire qu'on est contre la neutralité du net. Même Orange, qui pourtant s'affiche[2] en opposant au réseau neutre tel que nous le connaissons, n'ose pas se dire anti-neutralité en public.

Notre position est donc stratégiquement plutôt bonne. Le débat s'est déplacé. Il est maintenant sur notre terrain. Les acteurs du débats se voient contraints d'utiliser notre vocabulaire. Un peu comme les acteurs politiques qui parlent d'économie sont obligés d'utiliser le vocabulaire du Medef, les acteurs politiques qui parlent du réseau sont obligés d'utiliser notre vocabulaire.

Oh, ça ne veut pas dire qu'ils vont approuver tout ce que nous proposons, loin s'en faut[3]. Mais comme ils sont amenés à utiliser nos mots, il sont amenés à comprendre nos idées (à défaut de toujours les partager). C'est déjà, en soi, une victoire immense, et qui n'était pas acquise quand le débat sur le Paquet Télécom s'est ouvert au parlement européen.

Perdre la bataille, vraiment ?

Oui, vraiment. Et pour des raisons spectaculaires : le manque de combattants. Alors que notre position stratégique est plutôt bonne, comme on vient de le voir, nous ne sommes pas capables d'aligner suffisamment de permanents en face des lobbyistes et des politiques.

Pourquoi des permanents, et pas juste des gentils internautes qui ont compris le sujet ? Parce que c'est chronophage cette affaire ! Rien que de répondre à une consultation publique, ça demande un temps dingue. Il faut avoir lu des dizaines de choses sur le sujet, pour être certain d'éviter tout contre-sens, pour comprendre où sont cachés les pièges, etc. C'est à la portée de beaucoup de monde, mais voilà, il faut du temps. Beaucoup de temps.

Étonnamment, nous n'avons jamais eu autant d'audience. Ce que raconte FDN sur l'importance clé du réseau depuis des années (bientôt des décennies), ce que je raconte depuis 14 ans que j'en suis président, n'a jamais eu autant de lecteurs, ni rencontré autant de soutiens. Et pourtant, nous sommes au bord de l'asphyxie.

Oh, vous me voyez venir, avec mes gros sabots. Oui, au bord de l'asphyxie financière, faute de pouvoir financer les gens qui travaillent à plein temps sur le sujet. Mais finalement, ce n'est pas la seule urgence. Je regarde aussi l'état des combattants. Les bénévoles (et moi le premier) sont sur les rotules, et leur nombre n'augmente pas.

Si la Quadrature n'est pas financée, c'est très simple : la défense de la neutralité pour défendre les libertés n'aura plus de représentants en France. Ça ne veut pas dire que ce courant de pensée n'existera plus, ça ne veut pas dire qu'un très grand nombre d'internautes et de citoyens ne sont pas de cet avis. Ça veut simplement dire qu'il n'y aura plus personne pour le dire, et que donc ce point de vue sera re-devenu inaudible.

Et, bien pire. Il sera toujours audible médiatiquement, les journaux qui ont pris pour habitude de suivre les actions de nos associations continueront à nous suivre. Certaines de nos prises de position seront encore relayées. Mais tout le travail technique, le travail pénible, celui qui consiste à éplucher des montagnes de textes juridiques, à répondre à consultations pointues, etc, tout ce travail là n'aura plus lieu.

Et la conséquence sera double. D'une part, les politiques pourront, la bouche en coeur, nous dire que nous n'avons pas répondu à leurs questions. Et d'autre part, nous ne verrons plus venir les problèmes à l'avance, n'ayant pas pu préparer les textes à l'avance.

La bataille sur l'article 4 de la LOPPSI, par exemple, est entamée depuis des années. Les premières fois où je suis intervenu sur le dossier, c'était (de mémoire) en novembre 2008, il y a bientôt 3 ans. Si nous n'avions pas eu le travail de préparation, la bataille aurait été perdue en rase campagne, en 10 minutes à l'Assemblée. Là, pour que nous perdions, il a fallu deux lectures, il a fallu que les députés entendent d'abord notre avis (ré-introduire le juge[4]) puis acceptent de se ranger à la consigne gouvernementale, se dédisant publiquement, et il a fallu une validation du Conseil Constitutionnel.

Et pour la suite ?

Tout n'est peut-être pas gagné, nous avons perdu des batailles. Nous en avons gagné d'autres. Et notre position stratégique est forte. Reste que faute de combattants, nous sommes au risque de perdre, alors que nous sommes en position de gagner.

L'action de FDN est sans doute utile. L'action de la Quadrature est certainement indispensable. La Quadrature bouclera l'année 2011, maintenant, nous en sommes certains. Quoi qu'annoncent les indicateurs (pourtant mauvais[5]), la Quadrature bouclera probablement son année 2011[6]. Mais la question de la neutralité du net sera encore sur la table au moins 5 ans, peut-être plus. Et nous avons besoin d'être nombreux, et d'être puissants.

Aussi triste que ce soit, être puissant, ça passe par le fait d'être financé. En l'état actuel du financement régulier ou occasionnel, l'année 2011 sera affreuse à boucler, et l'année 2012 risque d'être parfaitement impossible à financer.

Défendre les libertés, c'est plus facile que de les acquérir. Encore faut-il le faire.

Notes

[1] Actes du colloque librement disponibles sur le site web de l'Arcep.

[2] Revoir les publicités sur Internet versus Internet par Orange. Ces publicités disent bien que l'opérateur souhaite que le réseau soit modifié, bricolé, pour satisfaire à ses délires marketing. Oh, dans la pub, et dans la pub seulement, c'est annoncé comme étant à l'avantage du consommateur. Mais ça dit toujours ça, la pub.

[3] Ils ont bien appris à parler de développement durable tout en l'appliquant très peu.

[4] Notre position comme chacun sait, est que le filtrage ne marche pas. Et qu'au minimum, au pire, il faut au moins qu'un juge soit dans la boucle pour veiller au respect de l'État de Droit avant de porter atteinte à une liberté. Les députés, lors de la première lecture, en ré-introduisant le juge, ont donc au moins entendu notre avis, à défaut de s'y ranger complètement.

[5] Seulement 17k€ de récoltés sur les 65k€ nécessaires sur l'année. Et ce alors qu'on sait déjà que pour pouvoir continuer en 2012, il faudra au moins doubler le rythme des dons par rapport à 2011.

[6] En brûlant le fond de roulement de la trésorerie, en tenant compte des donateurs certains, comme l'OSI, et en supposant que le rythme des dons ne s'effondre pas, normalement, c'est dans les clous.

Commentaires

1. Le jeudi 31 mars 2011, 09:18 par Gamoth

Bonjour,

Merci pour cette synthèse.
Juste une petite faute d'orthographe à combattants
"Oui, vraiment. Et pour des raisons spectaculaires: le manque de combatants."

Corrigé, merci.

Bonne continuation et bon courage.
Merci pour tout.

2. Le jeudi 31 mars 2011, 10:17 par Thomas

"Rien que de répondre à une consultation publique, ça demande un temps dingue. Il faut avoir lu des dizaines de choses sur le sujet, pour être certain d'éviter tout contre-sens, pour comprendre où sont cachés les pièges, etc. C'est à la portée de beaucoup de monde, mais voilà, il faut du temps. Beaucoup de temps."

Vous (Tu?) considérez que c'est à la portée de beaucoup de monde. Les "gentils internautes qui ont compris le sujet" sont peut-être surestimés, ou se sous-estiment.

En réponse: c'est me prendre pour plus modeste que je ne suis. Je ne prétend pas que le premier geek venu, sans aucune expérience, sera plus brillant que moi. Je dis que le premier geek venu peut décider qu'il ne veut pas que le monde se fasse sans lui, voire contre lui, et donc sortir ses mains de ses poches et se mettre au boulot. Si oui, en quelques mois il aura cessé de dire de trop grosses bêtises, et en 2-3 ans il aura un niveau plus que brillant sur le sujet.

Par ailleurs, entre rédiger la réponse à une consultation publique, et au strict minimum écrire à la Commission Européenne pour dire "on a lu la position de la Quadrature et on est d'accord avec eux", y'a une marge. 2500 personnes suivent mon compte twitter. 7000 suivent celui de @laquadrature. Je ne suis pas certain du tout que les 7000 aient pris les deux heures pour lire le document et les 10 minutes pour écrire un mail à la commission. Tu crois qu'ils n'ont pas les compétences?

Vos conférences sont de très bonne qualité. Pourtant, les supports de présentation sont réalisés dans les transports en commun avant d'arriver sur site. Les décennies d'expérience sont alors flagrantes.

En réponse: pas tant que ça. Ça ne fait que 4 ans que je fais des conférences très souvent sur ce sujet-là, depuis le Minitel 2.0. Ceci dit, c'est vrai que je connais mon dossier, mais ça ne prend pas 10 ans que le connaître. Félix, un des permanents de la Quadrature, n'est sur ce type de sujet que depuis 2-3 ans (de mémoire), et a le niveau pour être permanent de la Quadrature depuis un an (de mémoire également).

Sachant que je fais en gros une conférence toutes les 3-4 semaines, toujours sur les mêmes sujets, que j'assemble ce que je vais dire en une heure dans le TGV, c'est juste normal.

Je suis en voyage jusqu'à la fin de l'année. J'ai fait un don à LQDN pour que la France soit toujours une démocratie à mon retour.

Bon courage et merci pour tout.

3. Le jeudi 31 mars 2011, 11:45 par Arkados

Très bon article. Rien n'est gagné pour l'instant, en effet.

L'autre jour je m'étonnais du silence apparent des quelques géants capables de faire croire aux internautes que leurs services SONT l'internet: Google et Facebook. On a déjà vu les rapports tumultueux entre fournisseurs de contenus et fournisseurs d'accès internet (voir: Dailymotion et Neuf Telecom, ou tout simplement Orange actuellement et le transiteur Cogent + Megaupload) mais jusque là c'est de la "griffure" à la *t'es méchant, tu dégrades mes services*. Ce chaos ne prendra fin que quand la neutralité du net sera gravée dans le marbre et que des sanctions sont appliquées sur ceux qui y contreviennent (indexées sur le chiffre d'affaires, histoire de faire mal).

Alors je me demande: est-il bon de laisser ces géants défendre *leur* neutralité du net, ou vaut-il mieux continuer à prôner la non-centralisation des données et services (le P2P) pour mettre directement la pression sur les opérateurs ? Et comment casser le monopole du "club des 5" opérateurs en France ? (même avec une multitude de FAI associatifs, ils auront toujours encore 90% du marché)

En réponse: sur ce point là, je pense qu'il y a unanimité chez FDN. Il n'est pas bon de les laisser occuper le terrain. C'est pourquoi nous faisons tout ce que nous pouvons pour occuper le terrain en question. Que ne te joins-tu à nous...?

Si en plus on y ajoute l'épuisement des IPv4, auquel (je le vois gros comme un éléphant) ces opérateurs répondront par un déploiement massif de NAT-proxys plutôt que passer en IPv6... et l'implication du gouvernement actuel n'est vraiment pas rassurant malgré les enjeux: http://www.numerama.com/magazine/18...

En réponse: pour ce qui est de la position du gouvernement, si elle te déplait, la méthode pour en changer est de voter autrement. Et de ne pas les lâcher. Nous ne sommes pas en mesure, nous, de faire pression facilement sur un ministre. Mais nous pouvons tous prendre contact avec nos députés, et leur pourrir la tête jusqu'à ce qu'ils écoutent. C'est ce qui a été fait pendant la pédiore Hadopi, et quoi qu'en pensent les geeks défaitistes, c'est un succès. Un grand succès. Le machin qui devait être totalement opérationnel ne l'est toujours pas. Et s'il coupe un jour un accès Internet, ce sera à la veille des présidentielles...

Je suis parfois sceptique sur la capacité de faire s'améliorer nos politiques. Mais ce dont je suis sur, c'est que si tu n'es pas allé leur dire, en continu, souvent, jusqu'à ce qu'ils écoutent enfin, qu'ils se trompaient, alors, tu as laissé faire.

Triste époque...

4. Le jeudi 31 mars 2011, 14:33 par Galuel

Asphyxie

MAIS OUI !

Parce que ce combat pour "la neutralité du net" est un combat de SECOND RANG par rapport à celui de la neutralité de la MONNAIE !

Ce qui vous asphyxie, ce n'est pas la création de valeur, ce n'est pas le manque d'initiative, ce n'est pas la pertinence du sujet. Ce qui vous asphyxie, c'est que qui asphyxiera demain internet, ce qui vous asphyxie c'est la non-neutralité de la monnaie dont vous dépendez.

Ce qui vous asphyxie c'est que vous ne voyez pas que vous êtes en train de vous battre pour la neutralité d'un service particulier aussi grand soit-il, au sein d'un MINITEL.

http://www.creationmonetaire.info/2...

5. Le jeudi 31 mars 2011, 16:14 par Grunt

Y'a un point qui m'étonne, sur la différence entre les USA et Europe par rapport à la question de la neutralité du réseau.

Dans les deux cas, il n'y a pas de texte qui définisse explicitement la neutralité du réseau.

Par contre, aux USA, ils ont un premier amendement qui défend la liberté d'expression de façon très forte. Et je m'étonne qu'aucune atteinte à la neutralité ne se soit pris cet amendement dans la gueule. En France on a bien réussi à faire baffer HADOPI 1 par le Conseil Constitutionnel, au nom de la "libre communication des pensées et des opinions".

Comment se fait-il qu'aux USA, il soit possible de filtrer des protocoles ou bloquer des sites sans se prendre le premier amendement comme un mur?

En réponse: il faut relire le premier amendement. Il dit que l'État ne peut pas faire de loi qui touchent à la liberté d'expression. C'est pourquoi ils ne font pas de loi pour autoriser, ce serait impossible. S'ils font une loi, ce sera nécessairement pour empêcher tout filtrage. Reste que puisque ce n'est pas interdit par la loi (le filtrage) alors c'est autorisé. Étonnant, non?

6. Le jeudi 31 mars 2011, 16:20 par Unleashed Monkey

Sur ce texte très bien écrit, je crois qu'on est tous d'accord sur la nécessité de neutralité du réseau, mais qu'on est aussi d'accord sur la position de danger dans laquelle on se trouve. On est d'accord sur le fait qu'il faut faire quelque chose, agir.

Mais ce que dit Thomas est assez juste: est-on vraiment capable de s'engager dans la bataille de façon pertinante; nous petit utilisateur d'Internet ? J'ai beau me documenter beaucoup sur le sujet (neutralité, hadopi loppsi & co), je ne me vois pas assurer une permanence à LQDN.

Alors, qu'est ce qu'on a comme possibilité à plus petite échelle ? Propager la bonne parole, faire des dons, OK. Mais après ? Personnellement j'ai envie (comme beaucoup de gens je penses) de m'engager dans cette bataille, mais je ne vois vraiment pas comment.

En réponse: faire des dons, ce n'est pas rien. C'est ce qui fait que la Quadrature n'a pas mis la clef sous la porte en avril 2010.

Mais surtout, tout le mode de fonctionnement de la Quadrature repose sur une architecture simple: des milliers de gens ont envie de faire des choses, certains ont réussi à devenir pointu sur le sujet, et se chargent du travail de fond (documents, argumentaires, outils, etc). Reste que si personne ne relaye, alors ça ne sert à rien. Quand je vais, avec mes petits arguments, rencontrer un député, on a touché un député. Si vous tous (oui, oui, vous là, les milliers d'habitués du blog), vous allez porter les arguments devant votre député, et le rencontrez souvent pour lui parler de l'actualité parlementaire sur le sujet (et elle est riche), il finira par vous écouter, ou par avoir peur de vous croiser sur le marché le dimanche. Ce qui est déjà une forme d'écoute. Soyez nombreux. Ça, c'est une aide très directe. Et c'est à la portée de tout le monde.

7. Le jeudi 31 mars 2011, 16:21 par Stan

Salut,

Merci pour ce récapitulatif.

Et oui "Internet by Orange" ça me fait penser à AOL qui ne faisait de l'internet que par intermittence ...

En réponse: le réseau neutralisé, à défaut de neutralité.

8. Le jeudi 31 mars 2011, 16:28 par Sophie

Bonjour,

C’est compliqué d’obtenir le statut d’utilité publique pour permettre de déduire les dons des impôts ? Acrimed l’a fait. Je pense que ça faciliterait la “récolte” des années à venir, à moins que ce ne soit contre vos principes.

En réponse: oui, c'est compliqué d'obtenir la RUP. D'abord parce que les critères sont assez durs, mais ensuite parce que ça suppose un décret du Premier Ministre en ce sens. Comme on n'est pas complètement en odeur de sainteté au gouvernement, je n'y crois pas un instant.

Il y a un autre statut fiscal, moins complexe à obtenir, qui est celui couvert par l'article du code des impôts prévu pour les oeuvres carritatives. Pour ça, il suffit de demander au fisc, et que le fisc soit ne réponde pas, soit réponde qu'il est d'accord (mais ils connaissent leur boulot, et dans le doute, s'ils n'ont pas le temps, ils disent qu'ils ne sont pas d'accord). Reste que nous ne rentrons pas très bien dans les clous (ni la Quadrature, ni FDN, ni FDNN). On pourrait considérer que la liberté d'expression défendue par FDNN relève de bien de l'article 200 du CGI (Code Général des Impôts). Mais la défense des libertés n'est pas expressément citée. Avec un peu de bienveillance, on peut souligner que l'article dit "qui présentent un caractère d'intérêt général" puis s'ensuit "notamment" et une longue liste de cas particuliers. L'interprétation que fait spontanément le fisc, c'est que si c'est pas listé derrière le notamment, alors c'est pas bon. Or nous ne sommes pas listés. Et pour demander au fisc d'être bienveillant à notre égard, et de se souvenir du "notamment" il faudrait que la haute administration (lire ici, le gouvernement) appuie la demande. Aucune chance.

Ceci dit, si on trouve un juriste qui touche un petit peu en fiscal et qui a envie de jouer, on peut demander. Et s'il y a refus, aller devant le juge, pour qu'il nous explique calmement que la liberté d'expression ne relève pas de l'intérêt général.

9. Le jeudi 31 mars 2011, 17:54 par Titus

@Grunt :
Je pense qu'on ne peut pas attaquer un mauvais respect de la neutralité l'Internet (filtrage de protocole) avec juste la Constitution. Il faut une loi (après, je ne sais pas si c'est le même chose aux Etats-Unis). Malheureusement, il n'y a pas de loi qui "protège" la neutralité. C'est pour ça que la neutralité peut être bafouée sans trop de souci.

Les choses dont tu parles en France était des actions possibles contre des propositions de loi.

10. Le vendredi 01 avril 2011, 13:41 par Olivier

Bonjour,

je joins Sophie sur la question de la reconnaissance d’intérêt général, voire même (on peut y rêver) d’utilité publique...
La reconnaissance, pour certains d’entre nous, ça fait plus que doubler notre budget de dons !

Bon courage Benjamin, un grand merci pour votre travail.

11. Le samedi 02 avril 2011, 12:28 par Thomas

Nos voisins européens (et le reste du monde) ont-ils leurs Benjamin Bayart/LQDN?

En réponse: dans l'immense majorité des pays d'Europe, oui, il y a des associations militantes qui tournent sur les mêmes sujets (il suffit de faire une saut au FOSDEM ou au CCC pour s'en convaincre). Après, des Benjamin Bayart, ils doivent en avoir. Mais des FAI associatifs, il y en a peu, voire pas (on en a trouvé un à Berlin, mais il semble moins engagé dans ce type de combat, ayant beaucoup moins d'ancienneté). Les structures changent complètement d'un pays à l'autre. Elles sont parfois très informelles, parfois plus structurées. Tout ça varie beaucoup, fort heureusement.

Les internautes de ces pays sont-ils aussi sensibilisés et/ou aussi actifs que les internautes français?
Ou notre situation est-elle particulière, pour des raisons culturelles, ou en raison de la troisième loi de Newton et de la HADOPI?

J'ai essayé de m'imaginer à ta place et je me suis demandé si constater la passivité des alliés n'était pas encore plus épuisante que l'affrontement des adversaires... :(

En réponse: disons que ça n'aide pas. Mais pas vis-à-vis des copains de toute l'Europe. C'est plutôt vis-à-vis des geeks français, qui sont nombreux à nous suivre, qui sont visiblement nombreux à considérer que nous les défendons (nous étant ici tant FDN que LQDN), mais sont assez peu nombreux à téléphoner à leurs députés quand il faut le faire, ou à relayer les campagnes de financement. Ça, pour le coup, c'est super mauvais pour le moral.

12. Le samedi 02 avril 2011, 14:10 par gnuzer

@Thomas : Le Benjamin Bayart américain, c'est pas Eben Moglen ?

13. Le lundi 25 avril 2011, 07:00 par dudumomo

Bonjour,
- Je donne 20e par mois a la quadrature;

- Je les ai contacte pour voir si ils souhaitaient prendre en main le compte de la quadrature sur le moteur de recherche social (Hooseek, qui reverse 50% des gains publicitaires), que j'avais cree afin d'aider au financement. Je n'ai pas eu encore de reponse (Mais les sommes en jeu sont tres faible a vrai dire...10-15e par mois si il y a une bonne affluence);

- J'ai contacte mon depute (Isere) il y a plusieurs mois de cela, au sujet de la LOPPSI (sans reponse de sa part), bien que je ne reside plus en France depuis 6 mois;

- Je suis implique dans un projet de creation d'une distribution d'autohebergement (Beedbox, dont je vous invite tous a participer) afin de simplifier au mieux cela.

Que faire de mieux et de plus ?

Avons nous une sorte de page (ou wiki) avec les choses a faire et deja faite?
Comme par exemple:
- Contactez le plus de depute possible:

     M. xxxxx: Fait le 01/02/11 - En attente d'une reponse
     M. xxxxx: Fait le 02/03/11 - Reponse favorable

etc...

- Idee de financement

    Hooseek: Fait
    Flattr:  Fait
    Kickstarter: Fait

etc...

Merci,
Et merci a tous pour tout ce que vous faites !
Tenez bon, on est derriere vous !

La discussion continue ailleurs

1. Le jeudi 31 mars 2011, 14:44 par flink

Statut de flink sur Thursday, 31-Mar-11 12:44:33 UTC

RT @rogdham ♺ @bayartb: Blog #FDN: Défendre les libertés, c'est plus facile que de les acquérir. Encore faut-il le faire. http://x.fdn.fr/blog26...