Aidons les députés UMP sur la question de la neutralité du réseau...

Le groupe UMP à l'Assemblée Nationale à ouvert le site web Éthique du numérique. J'y ait déposé une contribution, longue, dans la rubrique sur la neutralité du réseau. Je reprend ici cette contribution, in-extenso.

Cette contribution est longue, je m'en excuse, mais le sujet est riche... Elle reprend en partie des arguments développés le 23 février devant le Groupe d'Étude "Internet, audiovisuel et société de l'information", mais en partie seulement, le sujet évoqué ici n'ayant pas tout à fait le même angle.

La neutralité du réseau est un concept fondateur d'internet. Il implique que les fournisseurs d'accès à internet n'interviennent pas dans le contenu des données transmises ou dans leur vitesse de circulation.

La neutralité du réseau n'est pas un concept. C'est quasiment la définition d'Internet.

En effet, Internet n'est que l'accord technique d'interconnexion des 40.000 réseaux publics routés par le protocole IP. C'est-à-dire l'accord sur le respect d'un certain nombre d'éléments, très peu nombreux, techniquement plutôt simples, et qui ne parlent que de technique. Internet est donc composé de ces 40.000 réseaux, de toutes nationalités (parfois sans nationalité véritable, d'ailleurs), et des centaines de milliers d'interconnexion entre ces réseaux.

Internet n'étant, au final, qu'un accord technique entre des opérateurs, sa neutralité est presque sa définition. Si chaque opérateur, sur son petit réseau à lui, décide de porter atteinte à la neutralité, alors, on aura la somme de ces 40.000 atteintes comme résultante, qui donnera un réseau qui ne fonctionne pas. Bien entendu, la neutralité n'a jamais été un principe absolu, une sorte de Saint Graal imposé par la force aux opérateurs. Simplement, des atteintes trop brutales à cette neutralité mènent rapidement à des désaccords forts, et donc à ce que les opérateurs concernés se retrouvent rapidement exclus du jeu (qui s'adresserai à un service postal qui, sur des critères qui lui sont propres, décide de perdre exprès une partie des colis...).

La neutralité n'est donc pas un concept abstrait, mais une des conditions impératives de l'existence même d'Internet. Par une condition conceptuelle imposée, mais une condition pragmatique.

Doit-on respecter cette neutralité même si elle implique la circulation de contenus illégaux ?

La question est fort mal formulée. D'abord parce qu'elle incite à répondre de travers. En effet, si la neutralité du réseau doit dévorer les petits enfants ou égorger les vieilles dames, alors, forcément, on est contre.

Internet n'est qu'un outil. On ne peut pas demander à un outil d'empêcher un usage. Quelles que soient les sécurités qu'on placera sur un marteau, on pourra toujours se taper sur le doigt, ou tuer son voisin avec. Doit-on respecter la fermeté des marteaux, même si elle implique des coups mortel? Bin... Heu... Oui... C'est-à-dire que sinon, c'est plus marteau...

La bonne formulation est: le réseau Internet étant par nature neutre, et donc permettant de transporter tous les contenus, comment lutter contre les contenus illégaux? Ce qui en un autre domaine pourrait se transposer en: l'espace public étant par définition public et ouvert, et permettant donc toutes les rencontres les plus odieuses et les plus néfastes, comment empêcher autant que possible les drames?

Dans les deux cas, la réponse s'impose d'elle même. Simplement, on gère l'espace public (la rue, pour faire simple) depuis longtemps, et donc la réponse est naturelle, alors qu'on ne gère l'espace public numérique que depuis peu, et donc l'évidence s'impose moins. La mère de toutes les réponses est l'éducation. La rue est un espace par nature dangereux. C'est pourquoi, dés le plus jeune âge, on apprend aux enfants à regarder avant de traverser. C'est un espace que nous avons appris à domestiquer. La réponse la plus forte à la croissance rapide du monde du numérique se trouve dans l'éducation populaire. D'abord, former les formateurs, qu'ils apprennent à maîtriser cet espace nouveau, pour pouvoir ensuite en apprendre les règles à tout le monde. Et je parle bien ici, volontairement, d'éducation populaire. On ne peut pas de contenter de former les enseignants, puis les enfants, Il faudrait alors un demi-siècle pour que toute la population soit formée. Il faut aussi prévoir de former les adultes, y compris les anciens.

Et, bien entendu, pour les cas les plus extrêmes, mais aussi les plus marginaux, il faut que la police ait les moyens d'intervenir. Comme elle intervient dans la rue. Non pas en contrôlant à priori tous les déplacements, mais en intervenant ponctuellement, là où c'est nécessaire.

Chercher à régler des comportements illégaux par une atteinte à la neutralité du réseau, c'est demander aux sidérurgistes de fabriquer de l'acier qui ne peut pas faire une lame de couteau qui puisse assassiner les gens. Idiot, et irréaliste.

Comment s'assurer que les Fournisseurs d'accès à Internet ne profitent pas de leur position pour favoriser certains contenus au détriment d'autres ?

Ça, c'est une vraie bonne question. Le fond de la réponse tient en deux principes en apparence contradictoire, mais qui dans les faits se complètent.

Le premier, est de ne pas les rendre responsable de ce qui circule. En effet, si les FAI sont responsables de l'usage qui est fait du réseau, ils vont cesser toute interconnexion, tout filtrer, et préférer bloquer des contenus parfaitement légitimes plutôt que de prendre le moindre risque. Il est donc fondamental que le FAI ne soit pas responsable de l'usage qui est fait du réseau, comme le marchand n'est pas responsable de l'usage qui est fait du marteau.

Le second, est de rendre les FAI responsables de ce qu'ils font. En effet, comment s'assurer que les médecins ne profitent pas de leur position pour abuser leurs patients? Simplement, en les rendant responsables. Non pas des bêtises de leurs patients (ce serait idiot, on l'a vu), mais en les rendant responsables de leurs actes. La neutralité du réseau doit faire partie des obligations des opérateurs (et pas seulement des FAI, qui ne sont qu'une variété d'opérateurs), et les atteintes à cette neutralité, qui ont toujours pour conséquence des entraves à la concurrence et des atteintes à la liberté d'expression, doivent être très lourdement sanctionnées.

Les producteurs et diffuseurs de contenus doivent-ils contribuer aux financements des réseaux ?

Oui. Et ils le font.

Sauf erreur de lecture de ma part, un diffuseur de contenu, pour diffuser son contenu sur Internet, doit s'y raccorder, et pour cela le plus souvent fait appel aux services, rarement gratuits, d'un opérateur de réseau. De même que le destinataire du contenu paye son raccordement au réseau.

Ainsi, vous payez l'hébergement de votre site web, et je paye l'accès Internet qui me permet de le consulter. Les opérateurs, qui ne sont que le transporteur dans cette histoire, sont bien rémunérés. Bien entendu, les opérateurs intermédiaires, qui ne sont ni mon FAI, ni votre hébergeur, ne sont pas rémunérés de manière directe. Tout comme, quand j'envoie un colis en Allemagne, je ne paye que La Poste, qui se débrouille de ses accords commerciaux avec ses partenaires, les opérateurs s'arrangent entre eux pour s'entre-facturer le trafic qu'ils transportent pour compte de tiers.

Il est donc parfaitement illégitime de considérer une rémunération qui soit, par exemple, liée à la valeur marchande du contenu transporté (La Poste est rémunéré autant qu'elle transporte un kilo de plomb ou un kilo d'or), et parfaitement illégitime de considérer que les producteurs de contenu doivent financer un autre accès à Internet que le leur.

Si oui, comment faire pour que cela ne menace pas le développement des services ?

Le vraie question sous-jacente, est subtilement différente. Les FAI estiment (à bon droit ou non, finalement, qu'importe) qu'il leur faut augmenter leur niveau de revenu pour pouvoir investir. Ils envisagent pour cela de ne pas respecter la neutralité du réseau, et donc de facturer les diffuseurs de contenu à forte valeur ajoutée, exerçant une forme de racket tout à fait lucrative.

C'est là une politique tout à fait condamnable à plusieurs titres:

  • d'abord, un non-respect du consommateur, qui pense avoir acheté un accès à Internet, à tout Internet, et pas seulement au catalogue publicitaire sponsorisé de son FAI;
  • ensuite, c'est un abus très clair de position dominante (ayant une clientèle captive d'abonnés, l'opérateur s'en sert pour faire levier et étendre son influence sur un marché où il n'est pas légitime);
  • c'est une entrave très sérieuse à l'innovation, incitant les entreprises novatrice à aller s'installer sur un marché où elles pourront prospérer librement avant de s'intéresser au marché français; on peut par exemple s'intéresser au cas de Google, que tous les opérateurs de France aimeraient racketter, mais dont aucun ne le fera (qui resterait abonné chez un FAI qui filtre Google?), Google étant devenu trop gros.

La bonne approche sur ce dossier-là est relativement simple: un FAI doit vivre des abonnements qu'il vend. S'il s'est mis, pour des raisons de marketing, en position de perdre de l'argent en faisant son métier, c'est bien triste pour lui, mais c'est une affaire privée, qui ne l'autorise en rien à racketter. Si la pression concurrentielle est telle que certains FAI savent produire des accès rentables avec les prix actuels du marché, alors que d'autres n'en sont pas capables, la réponse est assez probablement dans des recherches de gain de compétitivité, ou dans de la différenciation de service. Non pas en fournissant un accès Internet différent (on l'a vu, ce serait une atteinte à la neutralité, et donc ce ne serait plus Internet), mais en fournissant des services qui permettent de recruter de nouveaux clients (par exemple une assistance qui marche, par exemple des services de formation, par exemple...).

Questions qui ne sont pas posées, mais auraient du l'être:

Quelle importance à défendre la neutralité du réseau?

Cette question recouvre deux éléments distincts:

  • la neutralité étant, on l'a vu, consubstantielle à Internet, quelle importance à préserver Internet?
  • en admettant l'importance d'Internet, quelle importance que l'on défende la neutralité ou qu'on laisse faire?

Il est important d'avoir bien les deux éléments, un seul de ces deux aspects ne permettant pas de réfléchir convenablement. Internet représente une avancée, essentiellement, dans deux domaines. D'une part, un facteur de croissance économique, puisque c'est, incontestablement, l'épine dorsale de toute l'économie du numérique, et donc de la Société du Savoir. Le modèle actuel d'Internet garanti, dans le domaine économique, la capacité d'innover sans permis. C'est-à-dire que toute personne ayant une idée, bonne ou mauvaise, de service, peut la mettre en oeuvre, dans demander d'autorisation à personne, à partir de n'importe quel accès Internet, et en valider intégralement le fonctionnement. C'est cet élément qui a permis à tous les grands groupes actuels dans le monde du réseau de naître. Ils ne sont pas nés de l'investissement massif d'un grand groupe, ils sont nés, tous, d'une idée géniale, mise en oeuvre "dans un garage", puis développée par une entreprise d'abord petite, puis qui a grandi. C'est à l'opposé des réseaux de services numériques qu'on à connu avant Internet, comme les réseaux câblés (peu développés en France, mais très développés dans d'autres pays, où on trouve sur le câble beaucoup de services, mais pas la croissance explosive d'Internet), ou comme le Minitel.

Internet, tel qu'on le connaît aujourd'hui présente également un atout formidable de démocratie (y compris avec ce que ça peut avoir d'agaçant quand on est habitué aux corps constitués pour servir d'intermédiaire). D'ailleurs le Conseil Constitutionnel ne s'y est pas trompé, et indique fort bien dans sa décision de juin dernier qu'Internet est aujourd'hui indispensable à l'exercice pratique de la liberté d'expression telle que définie par l'article 11 de la Déclaration des droits de l'Homme de 1789. Or, cette liberté repose en très grande partie sur la neutralité du réseau. Oh, il n'y a pas de doute, même si les opérateurs français filtraient, un site comme celui-ci continuerai d'être accessible. D'abord parce que porté par la majorité parlementaire. Ensuite parce que la France reste une démocratie, et donc même porté par une opposition minoritaire, un site comme celui-ci resterait accessible. Mais c'est bien à la neutralité d'Internet, et à la très grande difficulté de son contrôle, qu'on doit d'avoir vu filtrer des informations d'Iran... Si les fondements structurels du réseau n'étaient pas une neutralité technique imposée par la forme même du réseau, le régime iranien réussirait bien mieux son filtrage, et donc à faire taire les opposants.

Ainsi, il est primordial, en termes de libertés d'expression comme en terme de développement économique, de préserver Internet pour ce qu'il est, à savoir non une vache sacrée, mais un outil actuellement insurpassable.

Maintenant, étant entendu qu'il est souhaitable de préserver Internet, que peut-on gagner à défendre sa neutralité?

On l'a vu, une défense de la liberté d'expression. En termes de préoccupations politiques en France, ça ne vaut pas la mobilisation des foules (toute langue de bois mise à part), mais ça vaut au strict minimum un oeil attentif et bienveillant.

Reste qu'en termes stratégiques et économiques, il est de l'intérêt de la France et de l'Europe de lutter pour préserver cette neutralité. En effet, elle apporte certains effets économiques importants:

  • l'innovation sans permis, on l'a déjà vu
  • en lisant cela en contraposé, c'est la seule chance de voir émerger de nouveaux acteurs européens dans le monde du service et du contenu, les positions dominantes actuelles étant américaines, c'est bien une condition nécessaire, et pas suffisante (d'autres conditions sont nécessaires, comme la défense des petites entreprises, et l'accompagnement de leur croissance, étant des lacunes fortes du modèle économique français, mais ce n'est pas le propos ici);
  • préserver la concurrence, au sens du libre choix du consommateur, puisqu'on l'a vu, la volonté de certains opérateurs de porter atteinte à la neutralité du réseau et presque toujours liée à la volonté de mettre en avant, puis d'imposer, le choix de leurs partenaires commerciaux, et donc de fermer le jeu économique, en créant de gigantesque oligopoles mêlant réseau, service, et contenu, garantissant des clients captifs;
  • permettre la diversité des services, et donc l'existence de marchés y compris pour des marchés de niche, qui n'ont pas de sens à l'échelle d'un opérateur, mais qui peuvent trouver des débouchés à échelle de la planète, par exemple dans les services ultra-spécialisés.

Commentaires

1. Le mercredi 24 février 2010, 23:57 par Pierre Col - Kizz TV

Bravo pour cette remarquable contribution : vous éclairez, en termes compréhensibles par tous, un sujet qui semble compliqué.

Peut-être d'ailleurs ne semble-t-il compliqué que parce que l'incompréhension des enjeux de la neutralité des réseaux va dans le sens souhaité par certains...

En réponse: j'espère surtout que ce sera compréhensible par les députés, pas les 5-6 déjà identifiés qui connaissent assez bien le sujet, mais bien l'ensemble du groupe de travail.

Et, si, pour pratiquer le sujet depuis longtemps, il est complexe à comprendre. Et c'est à force d'avoir du l'expliquer souvent que j'apprend petit à petit à l'exposer plus clairement.

2. Le jeudi 25 février 2010, 00:41 par Jaz

"Le groupe UMP à l'Assemblée Nationale à ouvert le site web Éthique du numérique."

La neutralité des réseaux
2010-02-17 09:35

Ils votent la loi loppsi (article 4) et ensuite ils débattent, curieuse façon de faire non ?

Sinon très bon billet, même si je sent que l'on va encore te reprocher certaines de tes métaphores.

Merci Benjamin ;)

Post-scriptum : c'est moi ou il y a quelques ralentissement dans les tuyaux d'SFR ?

3. Le jeudi 25 février 2010, 01:07 par Jaz

Ah ok, ça répond à ma premiére question, à moins qu'il y en ai une autre ?

Neutralité du Net : Méfiez-vous des contrefaçons !

"À quelques semaines des élections régionales, la secrétaire d'État à l'Économie numérique Nathalie Kosciusko-Morizet lance un "débat national sur la neutralité du Net". Elle vient à cet effet d'installer un groupe d'experts chargé de nourrir la réflexion du gouvernement en la matière. Il faudra cependant beaucoup plus que de simples déclarations suspectes d'intentions électoralistes pour convaincre."

http://www.laquadrature.net/fr/neut...

4. Le jeudi 25 février 2010, 01:09 par scorpio99

"Ils votent la loi loppsi (article 4) et ensuite ils débattent, curieuse façon de faire non ?"

@Jaz : non a priori ... c'est pas F. Lefebvre qui avait sorti "A force de réfléchir avant de légiférer on reste immobile" ^^

sinon ils aiment aussi les sondages pas clairs à l'UMP :
"Selon vous, les internautes sont-ils suffisamment protégés ?"

euh protégés de quoi ? la pédo ? les virus ? mon président ? mon chien ? lol

En réponse: oui, moi aussi, la case "la question est stupide" m'a manqué.

5. Le jeudi 25 février 2010, 02:11 par Aurélien

C'est amusant,
je suis tombé sur cette info deux minutes avant de lire ce billet:
http://computerworld.co.nz/news.nsf...

"(ACTA) proposes making ISPs (internet service providers) liable under civil law for the content their subscribers upload or download using their networks."

6. Le jeudi 25 février 2010, 09:55 par Jacques PYRAT

Merci pour cette contribution. Elle a en particuliers le mérite de faire des analogies avec le monde réel (marteau, outils, courrier postal...) qui permettent de voir qu'Internet n'est pas en soi, quelque chose de différent d'une route.

Et moi, je n'ai pas envie que chaque mot prononcé dans ma voiture avec mes enfants et mon épouse soit filtré, analysé, surveillé !

7. Le jeudi 25 février 2010, 12:43 par Jaz

Commission NKM : l’ISOC prépare la mise à mort de la Net Neutrality

"Il est désormais évident que la commission réunie par NKM autour de la thématique de la Net Neutrality n’a pour objectif que de masquer un enterrement en grande pompe de la neutralité du réseau."

"C’est à un enterrement de première classe de la net neutrality auquel on va assister, il y a fort à parier que l’ISOC se retrouve également six pieds sous terre à l’occasion, aux cotés de la côte de confiance du gouvernement Français auprès des internautes."

http://fr.readwriteweb.com/2010/02/...

Game Over !

Bon et maintenant, on continu de parler dans le vide ou on passe en mode underground ?

8. Le jeudi 25 février 2010, 14:27 par Manu

Un grand merci pour cette contribution claire et précise. C'est toujours un grand bol d'air frais que de te lire.
Mais quel espoir pouvons-nous avoir ? J'ai vraiment l'impression qu'il n'y a aucune volonté de comprendre, aucune ouverture d'esprit, aucune vision du futur dans le gouvernement et les députés actuels. Pour la plupart, l'équation est simple : Internet = truc compliqué = moyen de faire peur = votes en plus pour nous d'une partie de la population, quand ce n'est pas Internet = outil puissant mis à disposition du plus grand nombre = remise en cause du modèle hiérarchique = à contrôler à tout prix.
Où est la volonté d'innovation ? La prise de conscience que c'est ça qui permettra le développement économique lié à des entreprises numériques ?

9. Le jeudi 25 février 2010, 14:54 par mitch

Tout ceci est bien mignon mais ce forum n'aboutira à rien. Ce n'est pas mis en place une seule seconde pour recueillir des propositions ou pour apprendre, c'est un outil construit pour servir la réalisation d'une politique tout en valorisant l'approche woueb2.0 parce que c'est la mode.

Quelles que soient les suites, des extraits des contributions seront choisis et mis en avant pour mettre en valeur la "net discrimination" pour empêcher les anarchoautonomes pédophiles, récidivistes d'ultra-gauche, d'égorger des petites vieilles dans leur baignoire au sommet d'un minaret à coup de modem.

La qualité de tel ou tel post sera évacuée pour être réduite au mieux aux champs lexicaux utilisés.

Regardez comment ça a fait avec le site sur l'identité nationale. Les seuls résultats visibles et médiatisés étaient le pourcentage de posts contenant tel ou tel mot pour au final sortir un catalogue à la Prévert d'âneries et de lieux communs... Tout cela pour justifier la politique actuelle en terme de droits des étrangers.

Je ne pense pas un seul instant que Benjamin soit naïf, comme il le disait à la table ronde politique des RMLL "Il n'y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre", son post est clair et pédagogique mais il faut se rendre à l'évidence, ça ne servira à rien. Soit il prêchera des convaincus : ceux qui squattent ce blog, visiblement 97% de ceux qui ont contribué sur leur forum moisi, deux trois lecteurs accidentels se poseront peut-être des questions (vu l'audience du forum, ça sera pas énorme...) mais les instigateurs du "débat" eux savent déjà ce qu'ils vont rendre comme avis et ont bien prévu le paragraphe "contributions forum" dans leur rapport pour dire que les français soutiennent le projet du gouvernement.

Rien que la question de sondage de leur page d'accueil annonce la couleur.

Ce monde est pourri ...

10. Le jeudi 25 février 2010, 22:03 par Zelf

Je suis un peu dégouté de la tournure des événements et pourtant je m'en doutais...

Merci a vous, tous ceux qui militent pour cette neutralité qui est le synonyme de liberté. Liberté qui est plus qu'éphémère de nos jours...

Voilà, en tant que geek je passe du côté obscur, obligé de me caché pour posté mon opinion... Comme un posteur plus au-dessus, on passe du côté "underground". D'autre moins pointus en informatique se laisseront piéger par le "big brother", Orwell s'était trompés, ce sera pire que 1984. Et la population s'en fout royalement.
Je suis de plus en plus pessimiste pour cet Internet qui sera transformé en un simulacre Web 3.0 commercial...

L'internet tel qu'on la connu est mort, les serveurs personnels aussi, au vu des risques encouru, c'est à pleurer...

11. Le vendredi 26 février 2010, 13:14 par Olivier

Merci infiniment pour cet éclairage, limpide et très bien construit.

Quelques petites corrections de langage ci-bas.

> J’y ait déposé

J’y ai déposé

> Je reprend

Je reprends

> centaines de milliers d'interconnexion

> centaines de milliers d'interconnexions

> qui s'adresserai

qui s'adresserait

> une partie des colis...

une partie des colis ?

> implique des coups mortel?

permet des coups mortels?

> se transposer en:

se transposer en :

> en apparence contradictoire

en apparence contradictoires

> les rendre responsable

les rendre responsables

> que les FAI ne soit pas responsable

que les FAI ne soient pas responsables

> les opérateurs s'arrangent

les opérateurs s'arrangeant

> La Poste est rémunéré

La Poste est rémunérée

> que les producteurs de contenu doivent

que les producteurs de contenu ne doivent

> français; on peut

français. On peut

> D'une part, un facteur

D'une part, c'est un facteur

> d'Internet garanti

d’Internet garantit

> celui-ci continuerai d'être

celui-ci continuerait d'être

> savoir non une vache

savoir non pas une vache

> étant américaines, c'est bien une

étant américaines. C’est bien une

> du réseau et presque

du réseau est presque

> de gigantesque oligopoles

de gigantesques oligopoles

> garantissant des clients captifs;

garantissant la captivité des clients;

> de marchés y compris pour des marchés

de marchés notamment de marchés

> qui n'ont pas de sens à l'échelle d'un opérateur

qui ne présentent pas d’intérêt à l’échelle d’un opérateur

> trouver des débouchés

déboucher sur des applications

12. Le samedi 27 février 2010, 12:50 par dju

Super. Chapeau et merci.
Bon, cependant, deux question sans intérêt me titillent :

1- eu... mais combien de temps ça te prend pour écrire un papier comme ça ??
2- au vu de ton goût prononcé, -à juste titre- pour les métaphores, j'ai comme l'impression que tu es un adepte de la série Dr. House dont le personnage principal use sans modération de métaphores pour illustrer ses diagnostiques magiques...je me trompe ?

Contrairement à mitch, je pense que le bon sens va bien finir par percer. Il percera tôt ou tard. Tous ces efforts visent juste à accélérer le mouvement. Car, dans le cas contraire, si le monde était si "pourri", toute la planète serait déjà plongée depuis longtemps dans le fascisme et l'enfer le plus total. Internet, d'ailleurs, ne serait même pas là.

13. Le samedi 27 février 2010, 18:50 par nico.las

Bien vu, même si ce forum (celui de l'ump) n'est qu'un simulacre. Comme le précisait grunt, impossible de créer de messages, abscence de réponses des députés UMP, des questions orientées (le "réguler internet : c'est possible?", pourquoi mettre un point d'exclamation)un forum démocratique donc.

Comme beaucoup, je m'en vais vers l'underground et je tente de l'apprendre à tout ceux qui m'entourent, que c'est triste de voir un pouvoir se cristalliser de la sorte. On sent un changement de mentalité malgré tout, il va falloir finir par comprendre qu'il n'y a que la transparence (la vraie) et l'honneteté qui pourront triompher, notre monde est malade mais refuse de se soigner.

14. Le lundi 01 mars 2010, 16:52 par motofix

Merci pour ce travail de fond pour sensibiliser nos politiques, quels qu'ils soient, même si la tâche semble comparable à celle de Sisyphe.

Je me suis inscrit sur leur site pour apporter mon soutient à ta contribution. Je pense que plus nous seront nombreux à le faire, plus ton texte a des chances d'être visible.

15. Le mercredi 03 mars 2010, 10:27 par darwiin

Excellent article, si seulement nos politiques pouvaient (voulaient?) lire et comprendre l'importance (le caractère indispensable) de la neutralité du net se serait déjà un grand pas...
Ne relâchons pas nos efforts, et merci beaucoup pour cet article.

16. Le mercredi 03 mars 2010, 15:23 par SebLeVaillant

Le fait que le forum "Ethique" numérique soit une façade n'est, à mon avis, pas si évident, du fait même que c'est un forum (tout le monde peut donc le lire). Et vu ce que j'ai pu parcourir, beaucoup (moi y compris) savent qu'Internet tel que nous le connaissons, et qu'il a été pensé repose sur la neutralité du réseau. Dés lors, je ne pense pas qu'ils vont s'amuser un pondre un rapport disant: "c'est bon, c'est citoyens sont contre la Net neutrality". Ou alors, je vois bien quelques députés de l'opposition imprimer l'intégralité du forum pour demander en séance: "Où ça? Parce que ce n'est pas vraiment vraiment ce que je constate".

Ce qui me semble important par contre, c'est d'éduquer les gens. Benjamin l'a clairement énoncer d'ailleur, et c'est à nous, geek, de commencer. Nous sommes si prompt à clamer que nous connaissons le sujet, il faut faire partager cette expérience et faire prendre conscience de celà aux gens. Et le forum "Ethique Numérique" ne me parait pas être un endroit pire qu'un autre. Au contraire d'ailleurs, puisque cela distille un peu le coté brute de leur questions de sondage.

En tous les cas, merci beaucoup Benjamin. J'essaie à mon niveau d'éduquer les personnes qui m'entourent, et j'avoue reprendre souvent certains de tes propos, bien plus intelligibles que ce que j'aurais pu faire de moi même. Peut être aussi parce que tes conférences et écrits (ainsi que d'autres personnes) m'ont aidé à mieux comprendre de quoi il était question, et de ce que cela impliquait.

17. Le jeudi 04 mars 2010, 11:00 par JM Planche

Merci Benjamin, tu viens de sauver mon reste de vacances ... inutile d'en rajouter plus et je ne comprends même pas comment on en arrive à "ses méthodes" de discussions stériles, qui ne font qu'opposer les gens et en arrivent à un consensus mou où toutes les parties sont perdantes. Pourquoi ne pas partir de ton texte, de cette réflexion et que les différentes parties se positionnent : OUI / NON ou quasi OUI. SI le OUI l'emporte, la démocratie l'emporte. Si le quasi OUI l'emporte, on aura compris et fait ce qu'il fallait pour essayer d'orienter les choses dans le bon sens. Quant aux NONs, ils se seront suffisamment ridiculisés comme cela aux yeux de l'histoire pour ne pas avoir à les accabler plus.
Il faut que tout le monde comprenne bien que cette histoire de neutralité n'est ni une affaire de geeks, ni de 5 gauchistes dans un garage (sic). C'est la condition absolue pour que le plus grands nombre ne soit pas exclu de ces nouveaux territoires numériques ... pour ceux qui la défende, on a les moyens de rester dans ce que nous avons créé, donc on est assez "cool" sur le sujet, si on reste parfaitement égoïste.

18. Le jeudi 04 mars 2010, 21:44 par gut

Merci de cet éclairage.
Très bonne vulgarisation
(HS) Je trouve la dernière pub d'Orange, très bien fait. Votre texte me permet de trouver un moyen de la contredire. Un acier est un acier. Quelques soit l'usage que vous en fait ce mot ne recouvre qu'un seul sens(/HS)

19. Le dimanche 07 mars 2010, 20:07 par Cyril

J'ai trouvé l'article très clair et pédagogique.

Néanmoins, je voudrais aller jusqu'au bout sur la question du paiement de l'usage des réseaux.

Oui, l'opérateur de réseau qui fait transiter des contenus sur son réseau ne doit pas faire payer plus cher si c'est un contenu qui rapporte plus au fournisseur de contenu. Pour reprendre l'analogie, La Poste ou DHL ne tarifient pas plus cher le transport d'un kg de plomb vs un kg d'or.

Par contre, l'opérateur de réseau devrait avoir la liberté commerciale de tarifer l'usage de son réseau en fonction des débits nécessaires à l'opérateur de contenu et en fonction d'autres paramètres de qualité que son réseau doit supporter (temps de latence par exemple). La Poste facture plus cher le transport d'un colis de 3kg vs 1kg, et facture plus cher un colis qui sera livré en 2 jours max vs une semaine.

En réponse: encore une fois, comparaison n'est pas raison. La comparaison avec la poste peut avoir un sens sur certains éléments, mais n'en a plus dans d'autres cas. On ne va par exemple pas poster les paquets IP dans des boites jaunes dans la rue.

Le cas de la latence est intéressant, si on le creuse un peu. Qui a besoin d'une latence faible, dans quel cas? Je ne connais que très peu d'applications qui aient véritablement besoin d'une latence basse. Essentiellement, les jeux, et tout ce qui relève de la téléphonie (communication en direct avec du son, quelle qu'en soit la forme). Et je constate que pour la téléphonie, les solutions les plus efficaces en terme de réseau, sont de faire de connexion pair à pair (quand je téléphone à Dudulle, le trafic de notre conversation passe directement de ma machine à la sienne, même si on est passé par un répertoire commun pour la mise en relation). Il faut donc, à ce moment là, que tous les opérateurs du monde passent des accords avec tous les autres sur tous les protocoles, pour que ça marche. Mais ça porte un nom, cet accord: Internet.

Le cas des jeux vidéos est assez intéressant également, parce qu'il peut se lire à double tranchant. Soit le FAI veut attirer les (nombreux, sinon il s'en fiche) clients du dernier jeu XYZ à la mode, et alors il veut réduire la latence entre son réseau et le marchand de jeux, pour faire sa pub dessus (ça s'est déjà vu). Soit il veut, au contraire, pourrir les accès des marchands de jeux avec qui il n'a pas de partenariat, pour les inciter à lui verser de l'argent dans le cadre d'un partenariat. C'est alors un racket. En fait, c'est un racket dans les deux cas, celui des deux qui a beaucoup de clients captifs fait cracher l'autre au bassinet pour lui permettre d'accéder à son portefeuille de clients...

Toutes les applications qui sont conçues pour Internet intègrent les éléments techniques évidents du réseau: latence variable, perte de paquets de temps en temps, arrivée des paquets dans le désordre, etc. Prétendre que pour que telle application marche mieux, il faut revenir là-dessus, c'est expliquer que cette application doit tourner sur ATM, pas sur IP. Au final, qu'un opérateur fasse sa publicité sur le fait que son réseau offre un latence plus faible, c'est en général simplement une publicité pour l'accès lui-même (le lien ADSL, typiquement, la traversée du backbone national a rarement une influence significative sur la latence). Or à ce niveau là, on ne peut pas réduire la latence pour un paquet donné, on ne peut le faire que pour tous les paquets.

Que l'accès ADSL avec une latence à 20ms soit en option payante par rapport à l'accès ADSL avec une latence de 50ms? Pourquoi pas, ça ne touche pas la neutralité du réseau, tout comme l'accès à 20Mb/s pourrait être plus cher que celui à 2Mb/s, si ça avait un sens économiquement. Simplement, s'il y a une concurrence libre et non-faussée, alors le prix de l'option en question va converger, si elle a du succès, vers ce qu'elle coûte à produire, aditionné d'une faible marge. Et il y a fort à parier qu'elle ne coûtera que de la configuration de machines, pas d'entretien, pas d'investissement sérieux, et donc à peu près zéro.

Bien entendu, dans un mode d'oligopoles (au hasard, le mobile), les prix vont converger vers l'accord de non agression, très très au-dessus des coûts de production, comme pour le SMS par exemple.

A un moment où les débits augmentent fortement sur les réseaux et que des investissements sont nécessaires (notamment sur les réseaux mobiles) pour nous permettre de communiquer et d'accéder à nos services favoris, il va bien falloir que quelqu'un paye la facture.

En réponse: c'est idiot comme formulation. À un moment où l'utilisation de la voiture a augmenté, y compris à la campagne et à la montagne pour nos loisirs, il a bien fallu que quelqu'un paye. Et, curieusement, on n'a pas piqué du pognon au fabriquant de goudrons... Et ils n'ont pas, non plus, taxé les fabriquants de pneu. Et on n'a jamais envisagé de mettre fin à la liberté d'aller et venir. Qui a payé l'infrastructure? Simplement, les abonnés (sur les routes à péage) et l'État, partout ailleurs.

Si effectivement, il y a un besoin si massif d'investissement que le privé ne pourrait pas faire, faute qu'il soit rentable (ce qui n'est pas le cas, c'est rentable, y compris la fibre), alors il faut que l'État investisse dans une infrastructure publique, puisque celle-ci est jugée vitale pour la croissance économique présente et à venir. Je ne vois pas là l'ombre du début d'un semblant de raison de permettre aux opérateurs de faire n'importe quoi.

Certains opérateurs de réseau pourront, comme le suggère l'auteur du post, garder une tarification "flat" qui ne dépendra pas du débit nécessaire par exemple et financer l'extension de leur réseau par d'autres revenus.
D'autres pourront faire payer l'utilisation du réseau en fonction du débit ou d'autres paramètres dimensionants. Il faudra alors faire attention à ce que l'opérateur de réseau, qui peut être également fournisseur de contenu, pratique des tarifs qui ne soient pas anti-concurrentiels. Cela se fait très bien.

En réponse: ah? Ça se fait où? Pas en France... Si on se fie, par exemple, à l'excellent (c'est ironique) travail de la Direction de la Concurrence dans le cas, au hasard, de la vente liée des logiciels et des ordinateurs...

En conclusion, oui à la neutralité d'Internet, mais pas de jusqu'au-boutisme qui serait un frein au développement de ces réseaux qui nous rendent la vie plus agréable.

En réponse: demander que les opérateurs soient contraints, par la puissance publique, de respecter les droits et libertés garantis depuis deux siècles dans notre pays (à savoir la liberté d'expression) ainsi que les normes qu'on a forcé le pays à accepté (à savoir la concurrence libre et non faussée), c'est du jusqu'au-boutisme? J'assume, alors. Je suis donc un dangereux jusqu'au boutiste.

20. Le mardi 09 mars 2010, 15:26 par Pierre Col - Kizz TV

Selon un avocat qui s'y connait en droit des communications électroniques (il a débuté au temps du Minitel et fut un des pionniers du droit de l'Internet) la neutralité des réseaux serait bel et bien protégée par la loi depuis 1982 : http://bit.ly/CodeTelecom

Donc, si l'on ouvre un débat, c'est en vue de modifier le Code des Postes et Communications Electroniques, et pour définir au préalable jusqu'où on abroge cette neutralité ?

En réponse: revoir à ce sujet la conférence que j'ai faite en introduction de la table ronde politique, consacrée au sujet, aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre en juillet 2009. J'évoque bien le fait que le CPCE, article L32-1 et L33-1 protège la neutralité du réseau, ce qu'Olivier Iteanu rappelle. Là où je me trompais dans ma conférence de juillet, c'est qu'il y a bien une sanction, mais ridicule (15k€ d'amende, c'est en tout et pour tout, ou c'est par paquet IP torturé?).

Par contre, le CPCE ne définit par précisément cette neutralité, ni dans sa partie législative, ni, à ma connaissance, dans la partie réglementaire. Ainsi, si je favorise MSN contre YahooMessenger, je suis neutre vis-à-vis du message échangé, puisque je le fais que ce soit une discussion avec Jean-Kevin, ou avec mamie Germaine, et que ce soit pour parler pognon ou pour parler cuisine.

En fait, tout dépend de ce que la loi met dans le message. Moi, je considère que le message c'est tout, en dehors des en-têtes IP (j'ai bien dit IP, donc la partie TCP ou UDP est dans le message), ce qui exclue la discrimination par protocole. Mais les opérateurs vont nous répondre que le message, c'est le texte qu'a tapé le client dans son logiciel de messagerie, et que donc savoir si c'est du XMPP ou un autre protocole de messagerie, ce n'est pas le message. Et c'est là que le débat entre en jeu.

Autre limite de la définition actuelle: j'ai le droit de bloquer tout un réseau, ou de défavoriser tout un réseau, tant que je ne le fais pas en fonction du contenu échangé. Par exemple, curieusement, je vais perdre des paquets vers les serveurs de hotmail, et pas vers ceux de gmail, en fonction de mes accords commerciaux. Ça, le CPCE le permet, puisque ce n'est pas fait en fonction du message, mais en fonction de l'adresse IP destinataire. Ou, pour le moins, le CPCE n'est pas assez clair sur le sujet.

Au final, l'enjeu est le suivant:

  • définir ce qui est couvert (ou pas) par la neutralité
  • décider si on supprime (ou pas) la neutralité du CPCE

Je m'attend assez à un principe simple qui fasse une jolie déclaration politique. Sur l'air de "on défend très fort la neutralité" et, à côté, on donne une définition de la neutralité qui permette à peu près tout, ou même une définition absurde (l'opérateur a une obligation de neutralité vis-à-vis des contenus qu'il autorise sur son réseau, par exemple). Pour le moment, l'ARCEP semble en être à définir une quasi-neutralité du réseau, ce qui laisse entendre qu'ils voudraient aller assez loin, ou qu'ils ont bien compris qu'une définition trop amputée de la neutralité ne passera pas facilement.

21. Le mercredi 10 mars 2010, 16:12 par Francois Druel

IMHO, pour faire avancer le débat, il faut envisager le net que comme un espace sui generis. Cf. http://www.francoisdruel.fr/neutral...

En réponse: j'ai été lire ton papier. Long, et agréable à lire. De quoi il ressort (désolé, j'ai pas pris latin en option étant petit) qu'il faut bien considérer Internet comme quelque chose de neuf et de différent, et que donc il va valoir inventer plutôt que de mal bricoler des adaptations. Soit. Et?

Internet se considère, de fait, sans le dire, comme sui generis. Comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir. Internet crée, ses usages, ses règles, qui changent, qui se perdent, qui reviennent, qui sont bien au départ des transpositions de modèles connus (on n'invente jamais vraiment, on modifie toujours), mais qui ont tellement évolué(e)s qu'on serait bien en peine de reconnaître le point de départ.

Le débat entre les anciens (qui voudraient qu'on applique sur Internet les règles des rayonnages de la FNAC) et les modernes (les habitués du réseau qui trouvent qu'il ne donne pas un si mauvais résultat) est quasiment déjà clos. Même les plus obtus des anciens arrêtent doucement de croire qu'Internet pourra ne rien changer. Par contre, le vrai débat de fond, c'est de savoir ce qu'on en fait. Est-ce qu'on laisse le réseau continuer comme un espace libre, et donc en perpetuelle mutation, ou est-ce qu'on le fait converger vers un système de grande distribution classique (façon intégration de services sur le câble)?

La question du moment est sur cet enjeu-là. Qu'Internet soit nouveau, même le plus archaïque des marchands de disque finit par le reconnaître.

22. Le jeudi 11 mars 2010, 22:55 par ertheb

Bonsoir,
Ce billet est limpide mais je fais déjà partie des convaincus.
Contributions, articles, billets, s'amoncellent sur le sujet, mais nos députés, qu'en disent-ils ? Y a t'il eu des réactions ?
C'est assez récurent avec les politiques seul le bulletin de vote les titilles ou les démanges suivant les circonstances.
Je crois que les exigences de neutralité devraient s'ajouter aux propositions d'engagement de candidats.fr (histoire de motiver un peu les prétendants à un mandat).

23. Le vendredi 12 mars 2010, 20:06 par DNS

Il y avait déjà des blogueurs ou "dissidents" français qui étaient parti s'héberger à l'étranger ou carrément obliger de vivre dans un autre pays, mais maintenant on passe à la vitesse supérieur, quelque soit le pays Internet est menacé, ils en ont rien à foutre des lois, ACTA me semble juste servir de thermomètre pour sentir la température de cuisson des grenouilles que nous sommes, toutes informations n'allant pas dans le sens de ceux qui nous dirige, va être censuré !

Donc soit on continu de parler à un mur que l'on va se prendre en pleine face, soit on réagit en mettant le paquet pour qu'ils comprennent une bonne fois pour toute qu'INTERNET N'APPARTIENT A PERSONNE!!!

http://www.dailymotion.com/video/xc...

Mode UNDERGROUND /on

24. Le vendredi 12 mars 2010, 20:35 par DNS

Quoi mon message et le lien étaient trop underground ou la censure touche aussi FDN ?

En réponse: Je ne comprend pas à quoi tu fais référence, j'ai pu suivre le lien et aller en lire le contenu le plus tranquillement du monde...

C'est pas grave :) voici deux liens de ce dont quoi je parlais

Suisse
Un filtrage du web sans base légale en Suisse ?
http://www.numerama.com/magazine/15...

USA
Obama veut "protéger vigoureusement" la propriété intellectuelle avec l'ACTA
http://www.numerama.com/magazine/15...

INTERNET N'APPARTIENT A PERSONNE !

25. Le lundi 15 mars 2010, 18:42 par Alec

Par avance, désolé pour la longueur de la réponse et le formatage pour le moins improbable, mais comme tu le dis à juste titre, le sujet est riche.

Car au fond, nos positions sont pas si éloignées que ça si c'est de l'objectif dont il s'agit, à savoir faire en sorte que comme pour la poste chez toi ou la téléphonie chez moi, la neutralité soit de mise. A condition de s'en donner les moyens, ce qui peut expliquer les divergences qu'on peut avoir sur le sujet, et qui amène les observations suivantes visant à élever le débat.

A la question posée "Comment s'assurer que les Fournisseurs d'accès à Internet ne profitent pas de leur position pour favoriser certains contenus au détriment d'autres ?", tu répondais :
R : Ça, c'est une vraie bonne question. Le fond de la réponse tient en deux principes en apparence contradictoire, mais qui dans les faits se complètent.
Le premier, est de ne pas les rendre responsable de ce qui circule. En effet, si les FAI sont responsables de l'usage qui est fait du réseau, ils vont cesser toute interconnexion, tout filtrer, et préférer bloquer des contenus parfaitement légitimes plutôt que de prendre le moindre risque. Il est donc fondamental que le FAI ne soit pas responsable de l'usage qui est fait du réseau, comme le marchand n'est pas responsable de l'usage qui est fait du marteau.
Le second, est de rendre les FAI responsables de ce qu'ils font. En effet, comment s'assurer que les médecins ne profitent pas de leur position pour abuser leurs patients? Simplement, en les rendant responsables. Non pas des bêtises de leurs patients (ce serait idiot, on l'a vu), mais en les rendant responsables de leurs actes. La neutralité du réseau doit faire partie des obligations des opérateurs (et pas seulement des FAI, qui ne sont qu'une variété d'opérateurs), et les atteintes à cette neutralité, qui ont toujours pour conséquence des entraves à la concurrence et des atteintes à la liberté d'expression, doivent être très lourdement sanctionnées."

Observons qu'au demeurant, c'est déjà le cas car au niveau national l'obligation des opérateurs de correspondances portant sur la neutralité par rapport au contenu et le respect du secret de la correspondance privée ne remonte pas à la directive e-commerce de 2000 (comme certains cherchent à le faire croire pour ajouter qu'il serait temps de mettre fin à cette exception, temporaire à leurs yeux), ni à la LRT de 1996, encore moins les lois de 1990 et de 1984 sur le service public des télécommunications, ni la réforme de 1962 faisant suite à la codification de 1952 mais... à une des toutes premières décisions de la Révolution, qui a largement inspiré tous les actes qui ont pu en découler, pour les postes, puis le télégraphe, le téléphone, la télématique et désormais Internet.

Autres questions / réponses, qui appellent quelques commentaires :
Q : Les producteurs et diffuseurs de contenus doivent-ils contribuer aux financements des réseaux ?
R : Oui. Et ils le font.

De façon incomplète, car la contribution se limite à la porte d'entrée. Dans le meilleur des cas elle peut intégrer le transit international mais ne couvre nullement le transport national. La boucle locale quant à elle étant du ressort de l'opérateur pour les coûts communs (équipement abonné, génie civil, câbles, points de concentration...), les coûts spécifiques (capacités supplémentaires mises en oeuvre pour le trafic entrant) ayant vocation à être supportés par ceux qui les induisent (en l'occurrence les pourvoyeurs de trafic entrant).

R : Sauf erreur de lecture de ma part, un diffuseur de contenu, pour diffuser son contenu sur Internet, doit s'y raccorder, et pour cela le plus souvent fait appel aux services, rarement gratuits, d'un opérateur de réseau.

Lequel opérateur de réseau assure le plus souvent l'intermédiation avec le FAI de l'utilisateur final, (qui est en fait la version IP de OBL - opérateur de boucle locale - téléphonique), afin d'éviter aux petits diffuseurs / hébergeurs / opérateurs d'aller contractualiser avec l'intégralité des OBL de la terre. Le plus souvent en refacturant ce qui historiquement lui coûtait rien, vu que c'était du peering gratuit, pratique désormais en cours d'extinction du fait de l'asymétrie de trafic.

R : De même que le destinataire du contenu paye son raccordement au réseau.

Il paye le droit d'accès au réseau. En best effort. Ce qui marchait tant bien que mal sur des applications asynchrones (web, mail, download...) n'est plus adapté à des applications temps réel comme le streaming (radio, TV, VoD...), la visio et d'une manière générale tout ce qui sera téléactivité, nécessitant de provisionner sur une approche dédiée (ie x Gbps pour les Youtube / DailyMotion, y Gbps pour la nébuleuse MS - aka Yahoo, Flickr, Facebook..., z Gbps pour les projets de cloud-computing de la firme à la pomme qui rêve de tuer la radio et la TV de papa au moyen de terminaux connectés & embarqués - et non plus mutualisée. Des extensions de capacités induites par du trafic extérieur (et qui par rapport à d'autres acteurs qui font l'effort d'optimiser les intercos n'apportent donc aucun bénéfice pour l'opérateur vu que le trafic sortant ne sature pas), c'est rarement gratuit : il va bien falloir répercuter les coûts d'une façon ou d'une autre.

Répercuter sur les abonnés les surcoûts spécifiques induits par les fournisseurs de contenus, ça me semble plutôt injuste et c'est pas le meilleur moyen d'inciter ceux qui retirent une valeur économique de ces échanges (par les abonnements, la pub, la valorisation des tours de table) à privilégier l'efficacité (par exemple en éclatant les liaisons d'interconnexion, en se rapprochant au plus près des abonnés finals, en optimisant les flux en fonction des réseaux d'accès).

Un peu comme si les clients d'un site de e-commerce particulièrement populaire se voyaient refacturés par la Poste ou UPS des nouveaux véhicules achetées pour faire face à la hausse du volume de colis à livrer. Un peu comme si les utilisateurs de sites très populaire de vidéoss en ligne se voyaient refacturés par EDF des extensions de capacités mises en place pour alimenter les gros datacenter où sont localisés les serveurs des sites en question.

Au final, ça reviendra à monayer la pénurie ou la qualité de service comme on l'appelle. Et là, c'est très dangereux, car ça ne pourra que déboucher à consolider de façon irréversible la position dominante des opérateurs aux extrémités de la chaine : d'un côté les opérateurs historiques intégrés, qui pourront (re)vendre du Minitel 2.0 et tuer toute concurrence au niveau local, et de l'autre les acteurs majeurs du contenus & des services qui seront ainsi en mesure d'anéantir toute possibilité d'émergence de concurrence et de services innovants sur leurs segments.

R : Ainsi, vous payez l'hébergement de votre site web, et je paye l'accès Internet qui me permet de le consulter. Les opérateurs, qui ne sont que le transporteur dans cette histoire, sont bien rémunérés.

Ils sont rémunérés, mais cette rémunération ne couvre actuellement nullement les coûts spécifiques rencontrés par l'acheminement de trafic en provenance de tiers, ce qui n'est pas le meilleur moyen pour garantir la mise en place des extensions de capacités alors que le trafic départ ne sature pas. Alors qu'en téléphonie, le pourvoyeur de trafic rémunère l'utilisation des autres réseaux que le sien (tout comme il est rémunéré lorsque d'autres réseaux lui demandent de terminer / transiter du trafic) afin d'éviter de reporter cette charge sur l'opérateur terminant l'appel, et in fine les abonnés finals. Les capacités mises en place par FT pour terminer le trafic issu de SFR, Bouygues, Free, NC... ont été couvertes par les tarifs de gros facturés à ces derniers, et nullement par les revenus de l'abonnement afin d'éviter des subventions croisées sources de distorsions de concurrence (en gros, les abonnés FT fixe subventionnant le déploiement des réseaux Free, SFR & consorts).

R : Bien entendu, les opérateurs intermédiaires, qui ne sont ni mon FAI, ni votre hébergeur, ne sont pas rémunérés de manière directe. Tout comme, quand j'envoie un colis en Allemagne, je ne paye que La Poste, qui se débrouille de ses accords commerciaux avec ses partenaires, les opérateurs s'arrangent entre eux pour s'entre-facturer le trafic qu'ils transportent pour compte de tiers.
Il est donc parfaitement illégitime de considérer une rémunération qui soit, par exemple, liée à la valeur marchande du contenu transporté (La Poste est rémunéré autant qu'elle transporte un kilo de plomb ou un kilo d'or), et parfaitement illégitime de considérer que les producteurs de contenu doivent financer un autre accès à Internet que le leur.

Pour reprendre ton analogie avec la Poste (courrier & colis), cette dernière rémunère bien les réseaux auquel elle a recours (outre son circuit propre, il y a également les sous-traitant routiers qui payent les redevances des autoroutes empruntés, les transporteurs ferroviaires qui payent les droits de passage du réseau ferroviaire, les transporteurs aériens qui rémunèrent les gestionnaires aéroportuaires) pour fournir ses prestations. Car sans routes, sans réseau ferroviaire, sans infrastructures aéroportuaires de qualité, l'acheminement du courrier et des colis n'aurait aucune viabilité, au détriment notamment de l'aménagement du territoire et de l'égalité d'accès au service universel.
Pourquoi ce qui est valable sur la communication postale (qui supporte aussi bien des échanges interpersonnels que des services à valeur ajoutée permettant à des fournisseurs de services / produits de servir des marchés) ne le serait pas sur les communications électroniques ? En quoi une partie de la valeur qui tirée par les hébergeurs, les fournisseurs de services & contenus des investissements réalisés par les opérateurs afin de disposer d'infrastructures de bonne qualité servant de terreau propice à leurs activités commerciales ne reviendrait pas couvrir les coûts rencontrés par les opérateurs afin de permettent à ces hébergeurs & fournisseurs de services et contenus de proposer leurs services dans de bonnes conditions ?

Prenons un exemple. Vu que Free, SFR, Orange, Bouygues et consorts ce sont pour les geeks rien que des méchants qui ne pensent qu'au Minitel 2.0, et que du coup, à lire les réactions enflammées qu'on peut glaner ici ou là FDN va forcément se retrouver avec un afflux de gentils nouveaux sociétaires en provenance des méchants. Avec à la clé la transposition des usages, donc la moitié du trafic entrant en provenance de quelques acteurs, nécessitant n*10 Gbps dédiés. Vous faites comment ? Vous empilez les extensions de capacité pour la gloire ? Vous les refacturez à vos sociétaires (qui n'y sont pour rien si le trafic entrant n'est pas optimisé, et qui pour les sociétaires historiques ne sont pas tous des accros au Web 2.0) ?. Et le jour où vous décidez d'être physiquement présent sur le territoire le plus large par rapport à une collecte centralisée, et donc de capilariser votre réseau, là-aussi, vous allez établir à l'oeil des lambdas 10 Gbps sur x points de passage IP (à ce stade, plus de 5000 points concernés, la tendance n'étant pas à la baisse) pour acheminer le trafic entrant, alors que le trafic sortant de vos abonnés cadre avec les ressources existantes ?

Q : Si oui, comment faire pour que cela ne menace pas le développement des services ?
R : Le vraie question sous-jacente, est subtilement différente. Les FAI estiment (à bon droit ou non, finalement, qu'importe) qu'il leur faut augmenter leur niveau de revenu pour pouvoir investir. Ils envisagent pour cela de ne pas respecter la neutralité du réseau, et donc de facturer les diffuseurs de contenu à forte valeur ajoutée, exerçant une forme de racket tout à fait lucrative.

Benjamin, comment veux-tu débattre sereinement d'un sujet aussi structurant si c'est pour employer des méthodes que tu réprouves lorsqu'il s'agit, à juste titre, de démonter les arguments de ceux qui ne conçoivent notre secteur comme un repère de gus dans des garages. Si je ne te connaissais pas, je mettrai cela sur le compte d'une philo de café du commerce, ce qui ne correspond pas à la réalité.

Comparaison n'est pas raison tu disais. Déjà on est dans un Etat de droit et le racket est sauf preuve du contraire pénalement sanctionné ici.

Ensuite, en quoi la neutralité signifierait-elle nécessairement gratuité ? En quoi le retour aux conditions d'origine du Net (à la base, les premières liaisons étaient... payantes, justement parce que le trafic était assymétrique) porterait-elle atteinte à la neutralité, sauf si neutralité ça veut dire préservation des intérêts de ceux qui continuent à bénéficient de conditions privilégiées par rapport aux nouveaux acteurs qui essayent d'émerger ? Sur quelles bases un principe, légitime lorsqu'il s'agit d'un service fourni en monopole (en l'occurrence le service téléphonique), de rémunération des opérateurs de transit & arrivée pour couvrir les coûts rencontrés pour mettre en place les capacités nécessaires à l'activité des opérateurs départ, deviendrait scandaleux lorsqu'on remplace le TDM par de l'IP. Alors qu'à la base, le contexte (l'accès à un abonné est une ressource essentielle, par essence non duplicable car seul Free permet d'accéder à ses abonnés, tout comme on ne peut pas se passer de FDN pour accéder à ses sociétaires) les réseaux et acteurs sont les mêmes ?

Invoquer de jolis principes sans se donner les moyens de les faire respecter, ça s'appelle de l'incantation. Sur le court terme, ca séduit les masses qui souhaitent être caressées dans le sens du poil (ou du temps-cerveau comme ils disent ), mais à moyen et long terme ça n'avance à rien.

On partage le même objectif, la préservation d'un modèle ouvert qui face aux Microsoft, France Telecom, TF1... a permis l'émergence d'un Gandi, d'un Free, d'un DailyMotion, ou tout simplement la pérennité d'un FDN.

Dès lors, essayons abordons la résolution du problème de façon responsable sous un autre angle : comment se donner les moyens pour que l'ensemble de la chaine de valeur (avec au premier rang de laquelle les opérateurs d'abonnés finals) ne soit pas tentée de favoriser (la discrimination, j'y crois pas trop, à l'échelle d'un réseau desservant plusieurs millions d'abonnés avec de l'IP qui débute très en aval, c'est contre-productif & inducteurs de coûts inefficaces plus qu'autre chose), à caractéristiques égales, un contenu plus qu'un autre.

Tout simplement en permettant à chaque acteur l'opérateur d'être couvert sur les coûts spécifiques induits par l'acheminement dudit trafic.

En matière de télécoms, on s'est donné les moyens de faire respecter la neutralité. Un opérateur en situation de monopole doit faire droit à toute demande d'accès à son réseau pour atteindre ses abonnés (et permettre à ces derniers de joindre tout réseau). Le corrolaire, c'est que l'utilisation de son réseau induite par des tiers doit être couverte, via le système des terminaisons d'appels (pour l'interpersonnel) / départ d'appel (pour le trafic, asymétrique, des services speciaux, c'est à dire les call-centers, serveurs vocaux, plateformes d'accès à des services téléphoniques...).

Pourquoi en serait-il différément, où les investissements dans la collecte (on parle de la collecte, donc tout ce qui est en amont de l'accès) sont depuis quelques temps déterminés par le développement du trafic entrant (sur lequel on a très peu de visibilité si ce n'est que la courbe est exponentielle) et non plus du trafic sortant ?

Les industries de réseaux comme les communications électroniques sont des industries à coûts essentiellement fixes : le véritable inducteur de coûts est le mix entre taux d'utilisation d'une ressource et son degré de mutualisation.
C'est pas tant le volume de trafic à écouler qui coûte, mais la façon dont il arrive et comment on peut (ou non) l'agréger pour bénéficier d'économies d'échelle.
Ecouler 1 0000 sources, que ce soit hier sur un 100 Mbps ou aujourd'hui sur une porte 10 Gbps, au niveau du backbone entre l'entrée dans le réseau et la couche accès, c'est paradoxalement moins couteux au final que de le remplir avec un seul acteur. Bref, c'est relativement neutre (modulo l'amortissement des babioles en question, mais c'est gérable), les coûts unitaires n'ont effectivement pas trop bougé. Car c'est le modèle d'Internet avant le 2.0, mutualisation et foisonnement du trafic pour une techno qui n'était accessible que sur quelques points du territoire.

Sauf qu'avec le 2.0, on a désormais près de la moitié du trafic qui est désormais concentré sur quelques pôles, avec d'une part un très un fort niveau d'asymétrie, le solde couvrant les dizaines de millions de destinations possible, et d'autre part un niveau de qualité très poussé puisque la quasi-totalité du trafic poussé est pour des usages temps réel où c'est assez délicat de bufferiser (une page Web qui met une demi-seconde de plus à s'afficher suite à bufferisation, c'est pas grave. Par contre, sur un film acheté en VoD ou dans le cadre de la retransmission d'un événement sportif, c'est plus gênant, surtout quand ça tombe juste avant l'action décisive). Et à l'autre bout de la chaine, et c'est plutôt une bonne chose, on a une techno désormais quasi-universelle puisque couvrant 100% du territoire, et en haut débit en l'espace d'une décennie 99% de la population sur près de 90% du territoire.

Et là, la porte 10 Gbps qui hier écoulait 10000 sources se retrouve petit à petit monopolisée par le trafic d'un seul acteur. Et si en plus on doit répliquer les portes 10 Gbps dans chaque noeud d'accès dans la pampa (ce qui d'un point de vue macro est une bonne chose en terme d'aménagement du territoire) alors qu'elles ne servent qu'à 99% sur du trafic descendant avec 5 inducteurs qui accaparent 75% de la capa, on a beau prendre le problème par tous les côtés, mais il est un fait que le modèle originel (on se partage ce qui est dispo et on facture pas car c'est réciproque) n'est plus tenable lorsque quelques acteurs se retrouvent de fait avec des ressources dédiées sans en rémunérer l'utilisation (car la BP payée à l'hébergeur ne couvre que le segment hébergeur <-> opérateur de raccordement)

L'IP étant désormais une techno universelle, un outil essentiel dont l'accès est un impératif de justice sociale pour reprendre les propres termes du Premier Ministre, on est désormais sur un marché biface comme le qualifient les économistes.

Que ça plaise ou non, Internet, ça ne sert pas qu'à mettre en relation des abonnés (au sens individus physiques ou moraux) entre eux (volet interpersonnel), ça sert également à des fournisseurs de services & contenus d'atteindre des utilisateurs (volet services à valeur ajoutée). On peut tout à fait comprendre que la présentation du contexte est pour le moins maladroite, mais sur un sujet aussi complexe que passionnel, on peut difficilement faire exhaustif et parfait en quelques lignes !

Internet a donc plusieurs composantes, c'est un fait intangible. Ne retenir que ce qui nous arrange (communications électroniques = accès à des services & contenus vs communications électroniques = échanges interpersonnels) c'est pas vraiment faire preuve de neutralité.

Un marché donc où il faut recouvrer les 2 utilisations possibles : d'un côté le fait pour les abonnés finals d'être en mesure de joindre la terre entière au moyen d'un accès fourni par l'opérateur, et de l'autre côté, un fournisseur de services / contenus IP d'être en mesure d'atteindre le maximum d'abonnés finals (ou eyeballs pour titiller les quelques geeks de services pour lesquels c'est un gros mot).

Si on fait un parallèle avec le service téléphonique, un abonné Freebox peut joindre un abonné du Guatalpata oriental (alors qu'on n'a aucun accord d'interco avec les opérateurs locaux du Guatapalta), un abonné Orange peut être joint depuis un abonné SFR, et les abonnés NC sont reliés avec le reste du monde (tandis que le reste du monde peut joindre NC sans être forcément directement relié à NC) . Et à l'inverse, un abonné d'un petit opérateur du Kansas non directement interconnecté avec FT ou Free ou SFR peut joindre l'ensemble des abonnés français. Tout simplement parce que, même si par essence un OBL (hier sur la téléphonie, aujourd'hui sur l'accès IP) est en position de monopole sur l'accès à ses abonnés, on a tous intérêt à l'interopérabilité car l'effet de club a ses limites (le trafic SMS a explosé le jour où c'est devenu interopérable).

A ce titre, des obligations particulières, proportionnées, objectives, transparentes et non discriminatoires, pèsent sur les opérateurs, le cas échéant sur intervention des autorités de régulation (au titre notamment des articles L.34-8, L.37-2 & D.99-11 CPCE) :
-> obligation de faire droit à toute demande raisonnable d'interconnexion pour l'accès aux abonnés, y compris en transit pour garantir l'interjoignabilité des différents réseaux / services
-> dans des conditions objectives, transparentes, non discriminatoires : à interco égale, un "petit" (le terme n'est pas péjoratif hein) opérateur comme FDN le jour où vous proposerez du service téléphonique paye son trafic au même prix qu'un Free ou SFR, lesquels ne sont nullement privilégiés par FT face aux petits. Ainsi, un "petit" opérateur qui se monte bénéficie du même niveau de traitement qu'un gros, il n'existe plus de barrières à l'entrée sur le marché autres que légales, on est assez bien placés pour en parler puisqu'il y a 10 ans, face à un Cegetel ou Worldcom pour lesquels n'avaient d'yeux que les pouvoirs publics de l'époque, on ne pesait pas grand chose avec LD.
-> rémunération de l'utilisation terminale des réseaux via une TA, fixée sur la base des coûts pertinents d'un opérateur efficace, pour éviter d'en faire un centre de profit. Et que donc, si surcoût il y a du fait de choix inefficaces, ce surcoût n'a pas à être répercuté sur les tiers. On a également la garantie qu'un "petit" opérateur ne paiera pas pour les "grosses" extensions de capacités mises en oeuvre pour faire face aux besoins des "gros" opérateurs.

Car sur un marché biface, l'utilisation interne et sortante est couverte par les revenus de l'abonnement. L'utilisation entrante elle n'est pas couverte par les revenus de l'abonnement (ne serait-ce pour éviter les usages dévoyés, comme on a pu le voir sur le mobile avec le différentiel TA Mobile vs TA Fixe ce sont les abonnés fixes et internationaux qui contribuent aux marges des opérateurs mobiles) mais pas une charge payée par l'inducteur d'utilisation, cette charge pouvant être directe en cas de liaisons sans intermédiaire ou indirecte via l'entrée en lice d'intermédiaires faisant le lien entre les différents acteurs.

Au nom du principe de neutralité technologique rappelé encore récemment dans le paquet de révision des directives, pourquoi ce qui a permis une véritable concurrence (en tout cas sur le fixe, marché où historiquement les obligations ont été assez fortes) sur le marché téléphonique & de l'accès Haut Débit ne le serait pas en matière de transport de données ?

Et comme je vois venir d'ici les cris d'orfraies (car finalement, un geek peut être à certains égards au numérique ce que le réac est à la politique), précisons à toutes fins utiles qu'une charge de terminaison est nullement un frein à l'essor d'offres compétitives, comme en témoigne sur la téléphonie les offres d'abondance (vu que illimité c'est devenu politiquement incorrect) qui ont permis de stimuler les usages, signe que les consommateurs ne se restreignent plus.

Qu'on s'entende bien : à ce jour, en l'état actuel du droit positif, la neutralité signifie qu'un opérateur qui dispose des capacités nécessaires n'a effectivement pas à dégrader les conditions d'acheminement de trafic depuis / vers des tiers dès lors que le trafic considéré cadre avec les normes, les contraintes d'exploitation ainsi que les usages en vigueur. Et la proposition de révision des directives ici ainsi que les orientations précisées par la FCC viennent préciser que cela n'interdit pas de gérer le réseau pour faire en sorte de garantir la qualité de services essentiels, comme par exemple les appels d'urgence, les communications téléphoniques interpersonnelles dont d'aucuns souhaiterait

Ne rien faire, c'est justement tuer le modèle ouvert et basculer dans un modèle fermé qui, au final, ne contribuera qu'à assoir durablement la position des acteurs dominants sur tous les maillons :
- l'accès, avec des opérateurs historiques à la tête de ressources de génie civil héritées du temps de la puissance publique, pour certains intégrés entre fixe & mobile, accès & contenus,
- le transit, avec des opérateurs moneyant fort cher le droit de pouvoir joindre le reste du monde,
- les contenus, avec des acteurs qui auront fait main basse sur toutes les sources en amont tout en préemptant en aval toutes les capacités disponibles au niveau de l'accès.

Il en va de la survie à terme de groupes locaux tels que Canal, Bertelsman, Lagardère, Prisa, Endemol. On peut passer du temps, à l'instar d'un paquet de geeks, à leur vomir dessus, il n'en demeure pas moins qu'ils sont les principaux soutiens à la préservation de la diversité culturelle (au sens autre que US). Il en va également de l'aménagement harmonieux du territoire.

Au final, quels seront les retombées d'une remise à plat du modèle, pour répondre à ta question sur "quelle importance à défendre la neutralité du réseau" :

-> La fin des distorsions de concurrence car les conditions de développement de nouveaux acteurs sont assurées. Un modèle ouvert a permis l’émergence d’un Google qui est venu mettre fin à la suprématie Microsoft. En garantissant la pérennité du modèle ouvert, la terminaison de trafic peut réduire les distorsions de concurrence dont bénéficient les grands acteurs du Web actuel, et permettre l’émergence de nouveaux acteurs (Deezer, Hulu like…)

-> Le rapatriement de la création de valeur, par la relocalisation des plateformes & la capillarisation des liens d’interconnexion. Plus le contenu sera proche de l’utilisateur final, meilleure sera la qualité (on y peut rien, ce sont les lois de la physique, plus le signal est proche, meilleure est la qualité !). Cette relocalisation de la création de valeur permettant de faire contribuer tous les acteurs de façon équitable et réaliste.

-> La préservation des diversités culturelles locales : l’accès aux utilisateurs finals est ainsi garanti, sans possibilité pour un acteur dominant du contenu d’évincer des acteurs locaux. La pérennité d’acteurs historiques des contenus locaux, arrivés tardivement sur Internet mais principaux soutiens de la création culturelle, sera garantie.

-> Un système vertueux par une meilleur efficacité technique. On se retrouve avec de bons signaux économiques, incitant à la capillarisation des grosses interconnexions (comme pour le téléphone hier et le DSL aujourd'hui, plus l’interconnexion sera proche de l’utilisateur final, plus les coûts seront réduits).
On y trouve également une incitation pour les inducteurs de trafic à adapter les contenus aux spécificités des réseaux d’accès. Actuellement, faute de signal économique en ce sens, les acteurs de la video sur Internet ne sont nullement incités à optimiser les formats en fonction du réseau ou terminal d’accès. La saturation des réseaux mobiles s’explique en grande partie par des vidéos 2 Mbps envoyées sur des terminaux où des formats 6 fois inférieurs suffiraient, alors que les sites Web ont très vite su, du fait de la monétisation de l’audience, s’adapter aux iPhones/BlackBerry/iPad ! On tient également un moyen autrement plus efficace que toutes les tentatives de blocage / filtrage afin de juguler du trafic inefficace (SPAM, phishing…) qui prolifèrent faute de signal économique.

-> Une desserte du territoire harmonieuse. En effet, coûts de traversée du réseaux couverts + trafic efficace (ie contenus adaptés aux spécificités des réseaux d’accès) = incitation pour les opérateurs à développer l'accès le plus large.

L'extension continue de la zone arrière du dégroupage (alors que seulement 5% des NRA permettent de couvrir déjà plus de la moitié des abonnés) s'inscrit dans cette logique. Laisser les opérateurs assumer seuls les surcoûts induits par le trafic en provenance de l'extérieur, c'est au final courir le risque de cantonner les offres d'accès les plus compétitives à ces fameux 5%.

26. Le samedi 20 mars 2010, 20:23 par Jérôme Nicolle

Je rebondirais bien sur quelques points cités par Alec:

Le plus souvent en refacturant ce qui historiquement lui coûtait rien, vu que c'était du peering gratuit, pratique désormais en cours d'extinction du fait de l'asymétrie de trafic.

En quoi l'assymétrie du trafic change t elle quoi que ce soit à la notion de peering ? Un port et une fibre coute le même prix qu'il soit utilisé dans un sens ou dans l'autre, et c'est la tentative de valorisation de l'échange assymétrique qui crée cet artifice.

Répercuter sur les abonnés les surcoûts spécifiques induits par les fournisseurs de contenus

Non, induit par les usages de l'abonné.

Un peu comme si les clients d'un site de e-commerce particulièrement populaire se voyaient refacturés par la Poste ou UPS des nouveaux véhicules

C'est pourtant le cas, seulement c'est totalement indirect. Comme devrait l'être l'investissement en moyens de transport fait par un FAI : lissé sur le coût global de l'abonnement payé pour l'accès au réseau.

Au final, ça reviendra à monayer la pénurie ou la qualité de service comme on l'appelle

C'est assez usuel sur des marchés non concurrentiels : créer une pénurie pour augmenter la valeur du produit. Sauf que dans notre cas, la pénurie est crée par les manques d'investissements des FAI qui ne se sont pas adapté aux usages de leurs clients.

C'est un peu comme les majors du disque qui pleurent parce qu'ils se sont endormis sur leurs lauriers (le cd) alors que le monde évoluait autour d'eux. Et maintenant, ils sont dépassés et inutiles. Tant pis, qu'ils crèvent ! C'est ça le marché. Souhaites tu qu'on dise la même chose de Free dans 10 ans ?

Ils sont rémunérés, mais cette rémunération ne couvre actuellement nullement les coûts spécifiques rencontrés par l'acheminement de trafic en provenance de tiers

Tu es payé par tes abonnés pour que ces coûts soient pris en compte car ce que tu vends, c'est un accès à tout Internet. La question est plutot de savoir si tu as fait une erreur de calcul, impliquant un changement tarifaire du service que tu ne fournis plus correctement, ou si tu es juste trop gourmand.

Mais à voir comment s'est passé l'affaire DailyMotion et la façon dont Dedibox les a foutu dehors quand ils ont essayé de contourner le racket de Rani, approche qui pourtant réglait le problème technique (relocalisation plus proche des abonnés, ou en tout cas de ton CRS), je suis persuadé que ce n'est qu'une question de gourmandise.

(ah oui, et le "racket", ce n'est qu'un terme péjoratif pour qualifier l'attitude insupportable, indigne et stupide que Rani a eu, pas la qualification d'un délit. "Moi, le gros avec des clients captif, je prends tes utilisateurs (mes clients) en otage pour te faire payer ton trafic", c'est quoi à part répréhensible ? SI ce n'était qu'une situation légitime, pourquoi ne le faites vous pas avec les CDN plus gros que vous, genre Google ? C'est totalement hypocrite.)

Pourquoi ce qui est valable sur la communication postale ... ne le serait pas sur les communications électroniques ?

la poste ne facture pas la délivrance d'un colis à son destinataire. Le destinataire et l'expéditeur ont convenu des modalités en amont. Et le transporteur répercute les droits de passage dans le cout facturé à l'expéditeur.

J'ai tendance à dire que c'est juste un business model différent, mais en fait je crois surtout que c'est une erreur que de pousser la métaphore jusque là et seulement de façon partiele, car si tu regarde bien le flux monétaire correspondant, l'achetteur paye au vendeur le prix du produit et son transport (de façon plus ou moins masquée), vendeur qui paye le transporteur, qui paye ses intermédiaires ou redevances. Au final, c'est l'initiateur du transport qui paye.

La différence, c'est que les ISP vendent pour la plupart des forfaits "illimités". Si c'est l'illimité qui te pose un problème, soit transparent avec tes clients, plutôt que de boucher les trous par derrière...

Tout simplement en permettant à chaque acteur l'opérateur d'être couvert sur les coûts spécifiques induits par l'acheminement dudit trafic.

Là, tu reconnait ne pas faire ton boulot de FAI : tu vends de part et d'autre l'accès à ton réseau, et donc ne fourni pas le service que tu vends à tes abonnés (accès à *Internet*, pas au réseau de Free, pour rappel).

Tu *DOIS* intégrer les coûts d'accès au reste du monde dans ton offre d'accès (forfaitaire ou pas) car c'est *TOI* qui vends ce service et qui s'est engagé auprès de 5 millions de clients à le fournir. N'oublies pas non plus que tes abonnés sont en droit de faire valoir l'obligation de résultat.

Sauf qu'avec le 2.0, on a désormais près de la moitié du trafic qui est désormais concentré sur quelques pôles

Les usages évoluent, tu dois évoluer toi aussi. Ou disparaitre. Ou bien ne pas reprocher aux "ayants droits" de te racketter 1% de ton CA parce qu'eux ne se sont pas adapté. Sinon c'est encore une réponse hypocrite.

Et comme je vois venir d'ici les cris d'orfraies (car finalement, un geek peut être à certains égards au numérique ce que le réac est à la politique)

Merci pour le "réac", moi j'aime juste pas trop être pris pour un con. Seulement un geek peut comprendre de quoi il s'agit, donc peut ne pas se laisser berner aussi facilement qu'un politique. Dommage, hein ?

Une desserte du territoire harmonieuse
la relocalisation des plateformes & la capillarisation des liens d’interconnexion

Autre débat, trop vaste pour en parler en simple réponse à un commentaire, mais je serais ravi d'en débattre. Il y a beaucoup de chose à faire à ce sujet, et c'est précisément ce sur quoi je travailles ces temps ci.

27. Le mercredi 24 mars 2010, 18:54 par carxwol

"En quoi l'assymétrie du trafic change t elle quoi que ce soit à la notion de peering ? Un port et une fibre coute le même prix qu'il soit utilisé dans un sens ou dans l'autre, et c'est la tentative de valorisation de l'échange assymétrique qui crée cet artifice."

La fibre coute le même prix, mais si tu dois mettre à jour tes routeurs pour écouler ce traffic grandissant, c'est plus cher, surtout si tu n'as pas fini d'amortir tes routeurs précédent (je simplifie sans les cartes et les chassis hein). Il me semblait que la terminaison d'accès payante était justement ce paid peering, faut croire que je me suis trompé.

"C'est assez usuel sur des marchés non concurrentiels : créer une pénurie pour augmenter la valeur du produit. Sauf que dans notre cas, la pénurie est crée par les manques d'investissements des FAI qui ne se sont pas adapté aux usages de leurs clients."

Ce n'est pas tout à fait ça, je pense l'usage des clients va beaucoup plus vite que l'amortissement de l'infrastructure. En gros, à peine réflechie, penser, déployée, l'archi doit déjà être revue et éventuellement à la hausse. Tu pourrais penser, ouais, fallait prévoir. Et là, tu regardes la vitesse des évolutions du matériel et celles des prix chez cisco pour les gros routeurs, et tu comprends que c'est compliqué à prévoir, surtout quand une service peut prendre 50 millions d'utilisateurs en 3 mois. Tant mieux pour ce service, mais l'infrastructure n'évolue pas dans la même échelle de temps. Alors effectivement, tu me rétorqueras qu'ils n'avaient pas qu'à vendre 20Mbps, vu que maintenant, la proportion de gens qui les utilisent dépassent leurs prévisions de l'époque où ils ont fixé le prix et on pourrait discuter de slots occupés, de réseau congestionné ce que tout le monde veut éviter. Pour résumé, ceux qui avaient parié que les gens n'utiliseraient pas tout de suite leurs 20Mbps, que ce serait plus simple d'avoir la même offre, le même tarif pour tout le monde (ça simplifie le coût de développement/maintenance du Système d'Informations effectivement), que la baisse du matériel compenserait l'augmentation du traffic. Ceux là sont en train de perdre leurs pari et doivent pour garder un réseau fluide, une expérience utilisateur supérieur (qui ne déclenche pas d'appel au support), travailler de concert avec ceux qui fournissent l'expérience utilisateur, alias trouver un arrangement.

Enfin j'dis ça, c'est comme ça que je le comprends, après la neutralité du transporteur, l'Internet, c'est juste pas possible sans.

La discussion continue ailleurs

1. Le mercredi 24 février 2010, 23:46 par lordphoenix

lordphoenix's status on Wednesday, 24-Feb-10 22:47:08 UTC

Les enjeux de la neutralité du net expliqué aux députés par l'indispensable Benjamin Bayart http://tinyurl.com/yku7wlu...

2. Le jeudi 25 février 2010, 00:07 par romainberth

romainberth's status on Wednesday, 24-Feb-10 23:07:47 UTC

Excellent billet de @bayartb sur la neutralité du réseau : http://tinyurl.com/yku7wlu #netneutrality...

3. Le jeudi 25 février 2010, 20:23 par pumpkin

pumpkin's status on Thursday, 25-Feb-10 19:29:54 UTC

Aidons les députés UMP sur la question de la neutralité du réseau... http://tinyurl.com/yku7wlu !nurpa...