Téléphonie : le cas des appels d'urgence.

À l'heure où FDN travaille plus activement que jamais sur la mise en place d'un service de téléphonie, se pose la délicate question de la gestion des appels d'urgence.

La problématique est importante et il convient de mesurer la responsabilité, surtout morale, de FDN dès lors que l'un de ses abonnés, en détresse, devra via sa ligne FDN contacter les pompiers, le SAMU ou même les forces de l'ordre. Autant il serait ennuyeux de ne pas joindre sa famille à cause d'une panne, autant ne pas pouvoir joindre le SAMU est un fait que nous ne pourrions que difficilement nous pardonner.

Première étape donc de nos investigations, avant même de se poser des questions techniques, comment ca marche.

Un peu de technique. Comment ca marche avec l'opérateur historique via un réseau commuté.

Les numéros traduits

Depuis la nuit des temps (de la téléphonie, pas de barjavel) nous avons l'habitude de composer des numéros courts pour joindre ces services, que ce soit le 15 ou le 18 par exemple. Ceci étant, il faut bien remarquer que ce numéro est le même quel que soit l'endroit de France où l'on passe l'appel. Le centre de traitement des appels lui par contre, diffère dans chaque département. C'est la magie de la traduction d'adresse. De la même manière que nous avons l'habitude d'utiliser le NAT, le numéro traduit est une traduction d'un numéro vers un autre numéro de téléphone. En clair, 15 correspondrait au 0123456789 lorsque l'appel est émis depuis la gare du nord mais au 0322334455 lorsqu'il est émis depuis la place max Leujeune d'abbeville.

De la même manière, le 112 (numéro d'urgence européen unique) renvoit sur des centres d'appels differents en fonction du lieu (ici au SDIS, ici au SAMU, etc ...

Routé au plus près

Dans chaque département, se trouvent plusieurs centre d'appels spécialisés en fonction du type d'appel (le 18 pour les pompiers, le 17 pour la police, le 15 pour le SAMU).

Afin d'être le plus efficace, il existe plusieurs centres d'appels par département. Chaque appel est donc routé[1] au plus proche de l'appelant de façon à permettre une intervention la plus rapide possible.

Techniquement ca se passe dans la configuration des autocommutateurs[2] téléphoniques de France Télécom (ex PTT maintenant Orange). Ceux-ci dès lors qu'un appel vers le 15 est émis, traduisent directement vers le numéro d'appel le plus proche. Chaque autocommutateur est donc configuré de façon quasi unique puisque l'autocommutation est opérée au plus près de l'abonné (c'est là que l'on termine la paire de cuivre).

Il est important de comprendre ce fonctionnement pour la suite.

Priorisation de traffic

De la même manière, afin de garantir l'acheminement d'un appel d'urgence, chaque autocom sait prioriser le traffic. Contrairement au monde de l'IP, le téléphone ne peut pas réduire la bande passante allouée aux appels pour faire de la place. Un circuit est en effet utilisé ou ne l'est pas. De fait, en cas d'utilisation complète de l'ensemble des circuits des liens E1 mis a disposition de l'équipement, on a deux solutions et demi :

  1. on limite volontairement le nombre de circuits utilisables pour l'acheminement d'appels afin de laisser de la place en cas d'appel d'urgence,
  2. on coupe des communications actives pour laisser place a l'acheminement de ces appels.
  3. on fait les deux, parce qu'en cas de vrai problème local il n'est pas du tout exclu que le volume de circuits réservés ne soit pas suffisant.

Gratuité totale

Cela fait parti du contrat. tout appel vers un numéro d'urgence doit être acheminé PRIORITAIREMENT et GRATUITEMENT. Un abonné ne peut se voir refuser l'acheminement de son appel pour une simple raison d'impayé sur sa ligne. C'est notamment pourquoi lorsqu'une nouvelle ligne est installée mais non configurée, on peut tout de même contacter les secours. De la même manière le service restreint permet également ce genre d'appels.

Numéros concernés

Réglementairement, l'opérateur est tenu de considérer les numéros suivants comme étant des numéros d'urgence :

  1. le 15 (SAMU) ;
  2. le 17 (Police) ;
  3. le 18 (Pompiers) ;
  4. le 112 (numéro d'urgence européen) ;
  5. le 115 (SAMU social) ;
  6. le 119 (Enfance maltraitée).

Temps d'acheminement

Réglementairement toujours, l'opérateur est tenu d'acheminer l'appel en moins de 30 secondes ce qui est considéré comme un délais raisonnable et valable. Par ailleurs, des tests doivent être réalisés régulièrement (tous les mois me semble-t-il) pour vérifier et valider ce point.

GTR de 48h maximum

Toujours pour cette raison, l'opérateur est tenu de réparer dans un délais de 48 h maximum à partir du moment où il est informé d'une panne de rétablir le service. Ceci doit être normalement visible dans tout contrat au service de téléphonie de l'opérateur historique et ce afin de permettre a l'abonné d'appeler les secours en cas de besoin.

Un réseau fiable s'il vous plait, ce n'est pas négociable

Enfin, une clause indique également que l'opérateur doit redonder énergiquement son réseau afin d'être capable en cas de panne du réseau électrique d'acheminer tout de même les appels. En effet, rappelez vous l'époque du téléphone à cadran, aucune source d'énergie n'était nécessaire pour faire fonctionner le téléphone. Tout provenait du réseau. A l'heure du DECT et de la VOIP cela a bien changé.

Et la VOIP dans tout ça ?

Etant donné l'arrivée d'opérateurs alternatifs, travaillant sur d'autres technologies que la téléphonie commutée et notamment avec de la téléphonie sur IP (TOIP), il semble que les interrogations sur le sujet aient amené a un réponse très ferme des autorités : il faut faire au mieux. Formidable non ?

L'interconnexion téléphonique avec les services d'urgence

Simple, chaque SDIS (Service département d'incendie et de secours) est départemental et est libre de la mise en place de ses infrastructures. Concrètement, en général ils mettent en place des service redondant ou tri-redondant, mais l'interconnexion principale se fait toujours en SS7 et est assuré par un opérateur telécom (en général FT).

La disponibilité de la plateforme d'appel (appelé centre opérationnel) relève de la responsabilité des SDIS, un opérateur n'est donc pas tenu de maintenir une interco avec chaque centre de secours.

Le routage[3] vers le centre d'appel

Il est demandé aux opérateurs de faire preuve de diligence et de civisme (tu parles). En gros, faites pour le mieux.

Il faut savoir qu'un centre de secours ne peut pas déclencher d'opération sur un territoire qui n'est pas le sien. Il n'a aucune vue des effectifs ou moyens ou localisation des services du voisin. S'il reçoit un appel concernant un problème sur un département voisin ou zone voisine, il ne peut que traiter l'appel en collectant des informations précises, décrocher son téléphone et appeler ses collègues.

Dans le cas d'un appel passé depuis un GSM, chaque BTS doit disposer de plusieurs canaux RNIS chez l'opérateur pour router les urgences (c'est pourquoi sans SIM le téléphone peut quand même appeler)

Dans le cas de la mise en place d'une téléphonie sur IP, centralisée a Paris, il faut faire autrement, sinon on sort l'appel de l'abonné Marseillais au SDIS d'ile de france.

Pour ce faire, il faut donc :

  1. détenir pour chaque abonné son adresse physique,
  2. détenir la liste de tous les numéros traduits de France et de Navarre,
  3. router en fonction de la localisation de l'appelant sur le bon SDIS.

Problèmes :

  1. si l'abonné lève son lien SIP ailleurs qu'a son adresse déclarée, il a perdu ;
  2. si la box n'a plus de courant : même combat (ce qui n'est pas le cas pour le téléphone commuté) ;
  3. si le lien de collecte xDSL est mort, l'abonné aussi ;
  4. etc.

Moyens mis a la disposition des pompiers

Comme je disais tout a l'heure, il est demandé de router au plus proche. Ceci étant lorsqu'un appel arrive sur le centre de secours, il faut savoir qu'au mieux le pompier dispose du numéro de téléphone de l'appelant. Il est donc vital que la signalisation soit correctement acheminée.

AUCUNE règlementation n'oblige un opérateur a fournir des moyens d'identification géographique de l'appelant.

Concrètement, si le SDIS est abonné à l'annuaire inversé (que l'opérateur facture a prix d'or alors qu'il est censé être complet en vue de sa gestion du service universel) il peut éventuellement retrouver une adresse déclarée. Si l'abonné utilise son compte ailleurs que chez lui, alors point de salut.

Si l'annuaire est mal renseigné parce que le fournisseur de transit téléphonique n'est pas sérieux, alors pas ou peu d'informations pour le téléopérateur.

Dans le cas d'un appel depuis un portable, aucune information sur ne serait ce que la position du BTS relayant l'appel n'est possible alors qu'il semble (a vérifier) que SS7 peut transporter ce genre d'infos pourtant.

De la même manière, si un abonné appel via un numéro masqué, les secours n'ont aucun moyen de connaitre le numéro d'appelant (hors police).

Tests du routage

Chaque opérateur SS7 peut tester son routage (on fait bien des traceroute nous) mais de mémoire de pompiers, aucun opérateur ne les a contacté pour tester l'appel en condition réelle (qualité d'écoute, routage cohérent etc ...).

Donc comme dans toute action de nos chers opérateurs, tout ce qui n'est pas sujet a valorisation est donc traité prioritairement comme best effort. Il semble tout de même bien dommage que nous ayons laissé se dégrader à ce point un service si vital pour nous citoyens. Chaque opérateur DSL expliquera qu'il ne pourra en aucune manière assumer les pannes de l'opérateur historique (ligne coupée ou problème de jarretierage) a moins qu'Orange ne fournisse systématiquement des GTR cohérente pour ses clients et néanmoins concurrent.

Ceci étant, a force d'interroger plusieurs opérateurs et fournisseurs de téléphonie sur IP, on se rend rapidement compte a quel point la question est peu ou non traitée.

Notes

[1] acheminé de l'appelant vers la destination.

[2] Équipement réseau permettant la mise en relation, dans le monde de l'IP on appelerait ca un routeur qui disposerait d'une vue de l'ensemble des routes sans pour autant gérer les annonces BGP

[3] http://fr.wiktionary.org/wiki/routage

Commentaires

1. Le mercredi 10 février 2010, 11:48 par Nico

C'est un sujet intéressant que je connaissais déjà.
J'avais vue une conférence d'un ingénieur réseau d'une université qui expliqué ce problème. Les univ ont leur propre fournisseur d'accès national (Renater) et la ToIP est de plus en plus utilisé.
Apparemment il ont réussi à résoudre le problème mais après une bonne période de réflexion.

2. Le mercredi 10 février 2010, 11:53 par mitch

Intéressant. C'est pourquoi des entreprises ayant besoin de cette fiabilité comme www.presenceverte.fr/ imposent à leurs clients il me semble une ligne classique FT justement pour être sûr que quand la personne est en détresse, leur produit pourra transmettre le message.

Sinon je me pose deux questions :

Pour la voix sur ip, quelles sont les bonnes pratiques? les différents points listés ok mais si il n'y a pas de courant ou pas de synchro xDSL, de toutes les façons on est marron non ?

Un autre point que je ne comprends pas bien, FT est-il le seul à pouvoir vendre du téléphone classique à la papa où il n'y a pas besoin d'avoir de courant pour avoir la tonalité ?

3. Le mercredi 10 février 2010, 12:07 par Birdy

Techniquement, n'importe quel opérateur dégroupeur a la possibilité de proposer de la téléphonie commutée a ses clients.

La paire de cuivre, dans le cas d'un dégroupage total est connectée sur les équipements de l'opérateur dégroupeur et uniquement sur ceux ci.

il n'y a plus de filtres sur le chemin.

De fait, il suffit de filtrer le signal, passer les fréquences téléphonique sur un commutateur téléphonique et les fréquences data sur le DSLAM.

Par ailleurs les équipements sont suffisamment modulaire pour permettre de mixer des cartes purement ADSL et des cartes voix.

Rien n'enpêche après l'opérateur a transporter la voix en SIP, H323 ou meme mgcp il fait ce qu'il veut sur son réseau.

Là ou cela devient interessant c'est de se rendre compte que les opérateurs ne croient qu'en la concentration et remontent tout le traffic à Paris pour l'échanger sur les gros PRO (Point de Raccordement Opérateur) parisien. On ne change pas une équipe qui gagne, ils font pareil en IP.

C'est donc bien une volontée de faire des économies d'échelles qui pousse ce type de pratique et non une volontée de fournir un service de qualité.

Quand un appel échoue sur le SDIS de Paris pour traiter un accident domestique a Juan les pins, bonjour le temps de réaction.

4. Le mercredi 10 février 2010, 12:12 par Julien

Très intéressant, je m'étais déjà posé quelques de ces questions et avait trouvé en moi-même quelques réponses évidentes (genre si tu veux appeler le SAMU, utilise la ligne RTC ou le GSM)
Pour les box, je pense qu'il est sage de la brancher à un onduleur, c'est à réfléchir et à quantifier, mais je pense que même un petit truc (genre APC surge arrest, 80Ah) peut permettre de ne pas interrompre un appel en cours, sachant qu'il y a toujours à la maison au moins un GSM.
Pour les opérateurs de VoIP, tu as la solution Skype "notre service ne permet pas les appels d'urgence", donc démerde toi comme tu peux s'pece d'abruti.

5. Le mercredi 10 février 2010, 14:23 par Birdy

@julien : certes mais il y'a quand même une différence entre FDN se posant des questions, et la multinationale qui ne se la pose pas.

Concernant l'acheminement des urgences, combien d'appels sont perdus parceque le lien de collecte de traffic national est en panne ? Alors qu'il serait possible de proxyser dans le DSLAM (ou un équipement a coté) le traffic et router directement sur une ligne ou un groupement de ligne (T0 ou T2) les appels d'urgence depuis le NRA.


On ne peut pas dire que les NRA sont dépourvus de capacité en lignes téléphonique ;)

Concernant le GSM, le routage de ce genre de chose est honnêtement et réellement plus sérieux, même s'il m'est arrivé de constater que je n'avais purement et simplement pas de ligne. La réponse de l'opérateur a été : Nous sommes défaillant vous pouvez résilier de plein droit (manquerait plus que je ne puisse pas).

6. Le mercredi 10 février 2010, 16:03 par domi

@birdy

Oh, la multinationale, la question elle doit bien se la poser, parceque son armée de juristes aura voulu évaluer le risque.

Et sa conclusion aura été que le risque juridique n'est pas assez élevé pour justifier les dépenses, alors que ça ne rapporte rien.

Et comme elle se préoccupe plus de ses actionnaires et de leurs dividendes que du bien-être de ses clients....

Mais là où il y a des choses, à mon sens, plus choquantes, c'est le régulateur (l'ARCEP) se contente de cette situation.

7. Le mercredi 10 février 2010, 23:22 par Julien

Je précise en plus que quand je parlais du cas de Skype, c'était pas en pensant que FDN pouvait emprunter cette voie.

Sinon, si je suis aux Etats Unis et que je compose le 911 depuis mon compte SIP français que j'utilise depuis là bas ? Ou le 112 depuis n'importe ou en Europe d'ailleurs (il y a un traitement pour le 112 d'ailleurs niveau langue ?)

Désolé, ton commentaire a été détecté par dotclear comme étant du spam, il m'a fallu le valider à la main. Benjamin.

8. Le mercredi 10 février 2010, 23:32 par Julien

Mmm mon commentaire ne semble pas être passé.
Donc quand je parlais de la solution de Skype, même si ma phrase est mal formulée, je ne pensais pas "voila le truc que peut faire FDN".
Je plussoie Domi, ils ont du se poser la question vu comment c'est écrit en gros lorsqu'on installe Skype ou qu'on se crée un compte (la réponse a dû être "c'est trop cher et ça rapporte pas, les juristes disent que c'est défendable, on trashe").

Sinon, quid du cas ou je suis aux US et que j'appelle le 911 depuis mon compte SIP français ? (oui je suis tordu là)
Et si je fais la même chose avec le 112 depuis un autre pays d'Europe ? Les centres dans l'Europe sont peut être plus reliés entre eux ? Question un peu moins dans le sujet : les pays européens n'ont pas un lien avec les autres pour pouvoir traduire si jamais c'est un étranger qui les appelle ?

Sinon merci pour le billet technique, c'est un régal.

9. Le vendredi 12 février 2010, 07:51 par birdy

@julien : «Sinon, si je suis aux Etats Unis et que je compose le 911 depuis mon compte SIP français que j'utilise depuis là bas ? Ou le 112 depuis n'importe ou en Europe d'ailleurs (il y a un traitement pour le 112 d'ailleurs niveau langue ?)»

Au US, la gestion de l'urgence a été depuis bien longtemps réfléchie et mis en place. Chaque opérateur à obligation de déclarer dans un annuaire accessible a la communauté SS7, les coordonnées des abonnés. Les secours peuvent donc rapidement localiser l'appelant. Par ailleurs, les reglementation d'achememinement sont très strictes.

C'est d'ailleurs devenu un business très lucratif de certaines sociétés qui assument le risque pour l'ISP et garantissent l'acheminement de l'appel dans les rêgles de l'art.

Concernant le 112, il est déja flou de le router en France, tu immagine en Europe ;). Ceci étant techniquement, dès lors que tu as prévenu ton opérateur il ne devrait pas y avoir de problème.

En fait très concretement, si FDN était ton fournisseur de téléphonie, et que tu ai pris le soin de correctement renseigner ta localisation, et si nous disposions d'une liste européenne correctement détaillée, il n'y aurait absoluement aucun problème pour router ton appel.

Maintenant voila, commencons par le commencement, demandons aux autorités de publier une liste détaillée et claire a destination des opérateurs et uniquement eux (histoire ne pas dévoiler les numéros traduits non plus dont la confidentialité peut être assez compréhensible) de l'ensemble des numéros traduits et rêgles de routage.

Il faut savoir que certaines préfectures ont encore du mal a fournir ces informations ....

10. Le vendredi 12 février 2010, 07:59 par birdy

@julien : « Question un peu moins dans le sujet : les pays européens n'ont pas un lien avec les autres pour pouvoir traduire si jamais c'est un étranger qui les appelle ? »

De ce qu'on pu me dire les pompier de certains SDIS, ils essaient de former leur personnel a la maitrise de l'anglais mais ce n'est pas encore la panacée.

11. Le vendredi 12 février 2010, 11:45 par Isadora

Merci. Très, très intéressant.

Cette histoire de rétablir la ligne france télécom dans les 48 heures, pour disposer des numéros d'urgence n'est apparemment pas respecté par F.T.
Le çâble FT qui alimente ma maison a été emporté par un grumier. Résultat, j'ai du attendre 7 jours pour le voir ré-installé. Malgré le fait que, j'avais pointé l'impossibilité d'accéder aux numéros d'urgence. Il m'a été répondu que l'entreprise privée qui sous-traite les réparations pour FT était débordée.

12. Le vendredi 12 février 2010, 17:53 par Zergy

Je vais poser un question qui fâche, mais maintenant que la Loppsi est adoptée, cela vaut-il encore le coup de s'abonner à internet ?

En réponse (de Benjamin): La loppsi est adoptée, mais elle n'est qu'une étape. Le fait qu'une bataille ne soit pas un franc succès (on a tout de même obtenu que le juge soit ré-intégré dans la boucle, ce n'est pas rien), ce n'est pas une raison pour renoncer à tout et aller vivre une vie d'hermite dans la forêt en se couvrant la tête de cendres et en se lamentant. Quoi que donne la Loppsi une fois en application, Internet reste, et restera, un outil indispensable à l'exercice pratique de la liberté d'expression au 21e siècle.

Le meilleur moyen de lutter contre les atteintes à la liberté d'expression, c'est de continuer à s'exprimer. Et d'être particulièrement vigilant: surveiller les décrets d'application une fois qu'ils seront publiés. Surveiller les techniques de filtrage une fois qu'elles seront mises en oeuvre, surveiller les listes de sites interdits, une fois qu'elles fuiteront régulièrement. Bref, se comporter en internautes, en citoyens adultes, donc actifs, et pas en pleurnichards.

Bref, s'abonner à Internet, ça a encore du sens :)

13. Le samedi 13 février 2010, 19:23 par guenol

Birdy, tu m'expliqueras la procédure pour commander des T0/T2 en salle de dégroupage, ca m'intéresse :)

Sinon, le vrai problème la dedans, c'est que chaque prefecture va utiliser ses propres procédures d'acheminement de fichier, et surtout son propre format (des fois du PDF !) Bonjour les imports en masse quand tu as 30000 communes avec 90 format de fichiers différents.
Et puis tu auras des particularités, style plusieurs numéros par service dans certains département (un primaire, un backup), ou encore des destinations différentes en fonction des horaires, (turcs qui le switch ne sait pas forcément gérer derrière), voir des numéros différents dans un même code insee (marseille, rouen de mémoire...).

AMA, les échecs d'aboutissement d'appel parceque le lien dsl est down, c'est peanuts par rapport aux erreurs de routage dut aux fichiers pas à jour, mal importé, etc.
Un vrai progrès serait de gérer tout ca de manière nationale au niveau d'un point central, avec des vrais échanges SI ou au pire avec des procédures d'échanges standardisées.
Parait qu'ils y travaillent...

Been there, done that, good luck :)

14. Le dimanche 14 février 2010, 19:29 par philm

À savoir, les moyens des centres de réception des appels (15 ou 18) sont minimaux dans la plupart des cas. Pas de techniques sophistiquées, pas de repérage géographique ou autre. Un standard qui ferait peur à une PME et en avant la musique.
Par exemple, retrouver l'adresse d'un GSM par exemple (pas le localiser, juste avoir l'adresse de l'abonné) prend au mieux 15 à 20 min. Si le service est riche on a l'annuaire inversé, tant que le numéro n'est pas en liste rouge.

Dr philippe MICHEL
Centre de réception & de régulation des appels - centre 15, SAMU 95.

15. Le mardi 16 février 2010, 10:00 par birdy

@guenol : L'idée pas totalement fantaisiste du groupe voip de FDN serait de monter une opération de lobying afin d'atteindre deux objectifs :

- la gestion par une entité (? arcep, asso) chargée de gérer la liste des numéros d'urgence et de fournir une infrastructure de routage fiable en SS7 *et* SIP. Une telle structure pouvant être financée de manière obligatoire par les opérateurs de téléphonie.

- la gestion de la portabilité de manière ouverte a tous les opérateurs de façon a ne pas perdre des abonnés dans la bataille et qu'un appel se termine sur l'opérateur d'origine et son eternel disque : il n'y a pas d'abonné au numéro demandé.

16. Le mardi 16 février 2010, 10:06 par birdy

@philm : C'est bien ce qui est dénoncé. D'autant que les forces de l'ordre disposent de tels moyens. Si l'on sait dénicher un dangereux terroriste en geolocalisant son appel, on devrait pouvoir localiser une personne en detresse qui n'a plus la force de donner des informations aussi vitales que sa localisation.

Il est, a mon sens, particulièrement scandaleux que les opérateurs, FT en tête, ne commercialise un annnuaire inversé aux secours d'urgence. Cela devrait être une obligation alors même que dans son rôle de gestionnaire du service universel, FT se doit de maintenir un annuaire a jour.

17. Le mardi 16 février 2010, 11:16 par Jaz

"La loppsi est adoptée, mais elle n'est qu'une étape. Le fait qu'une bataille ne soit pas un franc succès (on a tout de même obtenu que le juge soit ré-intégré dans la boucle, ce n'est pas rien)"

Ah ouai, sauf que le juge d'instruction doit disparaitre (quid de l'indépendance et de l'impartialité du jugement!)

"surveiller les décrets d'application une fois qu'ils seront publiés. Surveiller les techniques de filtrage une fois qu'elles seront mises en oeuvre, surveiller les listes de sites interdits, une fois qu'elles fuiteront régulièrement."

Faut que l'on soit tous des mouchards en puissance ? autant jeter ceux qui ne servent à rien.

"Bref, s'abonner à Internet, ça a encore du sens :)"

Je crois qu'il n'y aura plus que le minitel 2.0 qui utilisera le terme abonné, parce que si l'on pousse la logique au bout, après le cryptage vient la connexion sans abonnement :)

Bienvenue chez les schroumphs où le méchant identifié n'est que l'abruti de gargamelle avec son chat Azraêl (l'ange de la mort) mais rassurez vous, tout se termine bien au pays des bisounours puisque les méchants perdent toujours à la fin.

Allo le 15, 17, 18, 112 ya quelqu'un... Ah c'est 25 000 € pour votre intervention, ba euh non, en fait tout va bien, je n'ai pas besoin de vos services, bonne journée.

Post Scriptum :
Privatisation des pompiers en espagne
http://news.sky.com/skynews/Home/Wo...

Dégraissage
http://www.kpho.com/news/22361705/d...

Etc, etc...

18. Le mardi 23 mars 2010, 17:44 par Guénol

@birdy : j'aime ton côté optimiste quand au lobbying de FDN :)

J'ai eu l'occasion d'en discuter avec un haut fonctionnaire qui travaillait sur le dossier suite à la remonté d'un problème d'infaisabilité technique (une pref voulait faire du routage en fonction de tranches horaires, chose que nous ne pouvions techniquement pas faire).

Ils sont bien conscient du problème, et c'est quelque part dans une roadmap de tout gérer de manière centralisée. Mais bien que le problème soit critique, il ne semble pas traité de manière urgente.
Idem pour la localisation : l'opérateur doit fournir l'adresse de l'abonné lors de l'appel (soit via une API, soit via la SIG), mais dans les faits, il n'existe aucun format d'échange normalisé, donc les engagements ne sont pas respectés, soit parceque les opérateurs ne transmettent pas, soit parceque les servcices d'urgences ne peuvent pas les recevoir.

Idem pour l'annuaire universel, c'est une obligation faite aux opérateurs depuis des années, mais où en est-on de l'exploitation ?

Pour résumer, on donne des directive et on publie des décrets, mais on ne mets pas les moyens de les appliquer faute d'implémentation concrètes derrière. C'est statut-quo des 2 côtés.

Pour la porta, une nouvelle barrière d'entrée a été mise en 2010 qui rends les process inacceptible financièrement aux opérateurs...